L’érosion côtière en Gaspésie : « L’adaptation, chez nous, c’est maintenant »
Radio-Canada
L’érosion des berges et du littoral, ce n’est rien de nouveau pour les Gaspésiens. Cependant, avec les effets des changements climatiques, le phénomène s’accentue à la vitesse grand V. Les élus des villes et villages nichés le long du littoral tirent la sonnette d’alarme et réclament de l’aide financière et des programmes adaptés des gouvernements avant qu’il soit trop tard.
En Gaspésie, si la proximité avec la mer a longtemps rimé avec prospérité, le vent est en train de tourner. La côte se fait grignoter par la mer et rien ne semble pouvoir arrêter le phénomène.
C’est qu’avec le dérèglement climatique, l’eau se réchauffe et le couvert de glace tend à disparaître durant l'hiver, laissant le littoral dénudé devant des vagues et des tempêtes qui elles aussi sont exacerbées par les effets des changements climatiques. Résultat : rien ne va plus. Les scientifiques estiment qu’à certains endroits le littoral pourrait perdre plusieurs mètres d’ici la fin du siècle.
Au conseil municipal de Sainte-Anne-des-Monts, la gestion des problèmes liés à l’érosion côtière est devenue un sport extrême. Selon le maire, Simon Deschênes, il ne se passe pas une séance sans que la question de l’érosion des berges soit abordée par des citoyens.
« À chaque séance, un citoyen nous demande de mettre des roches devant sa maison pour la protéger. Mais je ne peux pas faire ça. Si je le fais pour un, je dois le faire pour tout le monde et je n’ai pas ces moyens-là. »
Les défis sont multiples et les solutions complexes. Le maire déplore le fait de manquer de moyens et, surtout, de se faire imposer par le gouvernement québécois des normes et des lois qu’il considère comme inadaptées aux besoins de sa communauté et qui freinent sérieusement le développement économique de sa ville.
« On parle de gouvernement de proximité, on nous laisse gérer les problèmes, mais on nous impose une législation complètement inadaptée et surtout déconnectée de notre réalité. »
L’adaptation aux changements climatiques, c’est chez nous, c’est maintenant et personne n’en parle vraiment, lance le maire, qui fait référence à la campagne électorale en cours au Québec.
Tous les partis, sauf les conservateurs, souhaitent à leur façon s’attaquer à l’érosion des berges. La Coalition avenir Québec a investi cette année 10 millions de dollars à Maria, dans la Baie-des-Chaleurs, pour protéger 1,2 kilomètres de côte. Le parti souhaite continuer à investir pour protéger les communautés dans les années à venir s’il est reporté au pouvoir. Chez les libéraux, on souhaite développer des stratégies régionales contre l’érosion. Québec solidaire s’engage à mettre en place une politique pour protéger les berges, et le Parti québécois veut soutenir la résilience des communautés face aux changements climatiques, notamment en investissant pour mettre à niveau les infrastructures.
