Jean-Jacques Beineix, réalisateur aux relations tourmentées avec le cinéma
TVA Nouvelles
Malgré le succès de «37°2 le matin», film devenu culte, le réalisateur français Jean-Jacques Beineix, décédé jeudi à 75 ans, entretenait des relations douloureuses avec le cinéma, qui le poussèrent à se réfugier dans les documentaires et la littérature.
«J’ai toujours eu une sorte de doute par rapport au succès. (...) Je me suis toujours demandé ce qui allait me tomber dessus», avouait ce passionné de cinéma, de théâtre, de littérature, de BD, qui craignait aussi le succès: «Il y a un danger dans le succès, j’ai toujours pensé ça».
Après un baccalauréat littéraire, Jean-Jacques Beineix, né le 8 octobre 1946, entame des études de médecine sans les finir, prépare une école de cinéma prestigieuse mais échoue de peu, réalise d’efficaces spots publicitaires (notamment un spot anti-Sida multi-diffusé «Il ne passera pas par moi» mais renonce, parce que «c’est bien de mettre son talent au service de causes» et que la publicité, «ce n’était pas des causes».
Il fait ses armes en tant qu’assistant réalisateur auprès de grands réalisateurs français : Jacques Becker, Claude Berri, Claude Zidi, avant son premier long-métrage en solo, «Diva»,«1981». Il utilise les recettes qui feront sa renommée - photographie soignée, couleurs vives et accrocheuses, réalisme poétique - mais qui lui attirent des critiques réprouvant son «esthétique publicitaire».
Le succès n’est pas immédiat en France. «Diva» a pourtant la faveur du festival de Toronto, qui lui décerne son «Grand prix».
Retour triomphal au pays. Le film obtient quatre César, le public s’emballe pour ce thriller mettant en scène une diva refusant de faire enregistrer sa voix, servi par de magnifiques airs d’opéra.
Six ans plus tard, Beineix connaît la consécration avec «37°2 le matin», une histoire d’amour et de folie, qui révèle Béatrice Dalle, actrice à la sensualité animale.
Entre les deux, en 1983, il a subi un échec cuisant, avec «La Lune dans le caniveau». «La critique m’a assassiné», dira-t-il, évoquant «un traumatisme dont l’onde s’est longtemps propagée».
Le réalisateur vivra un nouvel échec en 1989 avec «Roselyne et les lions», une histoire de saltimbanques inspirée d’une histoire vraie, puis un demi-échec en 1992 avec «IP5», film initiatique qu’il considérait comme son «meilleur» et le dernier de la star française Yves Montand, mort à la fin du tournage.