James Webb met en lumière le Scientifique de l’année de Radio-Canada
Radio-Canada
Devant les images fabuleuses du cosmos captées par le télescope James Webb, l’émerveillement de René Doyon est palpable : « Elles sont absolument époustouflantes », lance-t-il avec des étoiles dans les yeux (sans mauvais jeu de mots).
Si ces clichés qui nous parviennent du fin fond de l’Univers sont d’une précision inégalée, c’est en partie grâce à lui. Responsable scientifique de la contribution canadienne au télescope, fruit d’une collaboration entre la NASA, l’Agence spatiale européenne et l’Agence spatiale canadienne, René Doyon y a œuvré pendant deux décennies. D’abord à la mise au point d’un appareil scientifique embarqué à bord, baptisé NIRISS (pour Near InfraRed Imager and Slitless Spectrograph), puis d’une caméra de guidage, le Fine Guidance Sensor (FGS), essentielle au bon fonctionnement du télescope.
Lorsqu'on pointe le télescope, une grosse structure, ça bouge dans toutes les directions. Mais à l'intérieur, il y a un petit miroir qu'on appelle le steering mirror, qui est contrôlé par la caméra de guidage canadienne, et qui permet de le basculer en temps réel 16 fois par seconde pour s'assurer que les images sont vraiment bien, bien fines, explique le lauréat, professeur d’astrophysique à l’Université de Montréal.
Le télescope spatial James Webb a été lancé en décembre 2021 depuis la Guyane française. C’est le plus grand et le plus puissant télescope jamais déployé dans l’espace. Son miroir est six fois plus grand que celui de son prédécesseur, Hubble.
Avec un télescope beaucoup plus grand, on peut observer des cibles beaucoup plus faibles, donc c'est un nouveau chapitre qui s'ouvre, s’enthousiasme le chercheur.
Autre distinction : alors que Hubble scrutait surtout la lumière visible émise dans l’Univers, James Webb, lui, est conçu pour détecter les longueurs d’onde de la lumière infrarouge. C’est crucial pour ce que René Doyon et son équipe souhaitent étudier.
Car au-delà des magnifiques images captées par le télescope, ce qui fascine encore plus l’astrophysicien, ce sont des courbes. Des spectres de lumière infrarouge captée par les instruments du télescope en provenance d’exoplanètes.
Ces planètes extrasolaires orbitent autour d’autres étoiles que la nôtre. En passant devant leur astre, elles bloquent une petite partie de sa lumière. L’instrument canadien NIRISS a été conçu pour capter ces variations de luminosité et en déduire la composition de l’atmosphère de ces exoplanètes.
Dans le spectre des différentes longueurs d’onde filtrées par l’atmosphère de ces planètes, les chercheurs peuvent lire de quoi cette atmosphère est faite. C'est une mesure extrêmement délicate qu'on faisait avec Hubble, mais avec beaucoup moins de précision, constate M. Doyon.