
Intervention étrangère en Haïti : une perspective historique pour comprendre la méfiance
Radio-Canada
L’opinion publique haïtienne est divisée en ce qui concerne l’intervention possible des Casques bleus en Haïti. Des membres de la diaspora haïtienne du Canada s’opposent à une quelconque intervention étrangère en s’appuyant sur une lecture du passé tandis que d’autres y voient une solution temporaire.
« L’intervention étrangère n’est jamais la solution souhaitée pour résoudre une crise interne. »
Darlène Lozis, originaire d'Haïti, est une résidente d’Ottawa. Pour elle, la solution aux problèmes d'Haïti doit venir de ses habitants. Elle fait partie de ceux qui croient qu’un rappel du passé des interventions militaires en sol haïtien s’impose. Dans notre histoire, les faits nous montrent qu’aucune occupation [intervention étrangère] ne nous a servi en matière de souveraineté et de développement sociopolitique et économique.
La Franco-Ontarienne, militante des droits de la personne, nomme des faits liés au passage de militaires étrangers en Haïti. L’occupation américaine de 1915 à 1934, le pillage des caisses de l’État, les exactions [militaires], les campagnes rejetées où ils ont massacré des vaudouisants sous prétexte qu’ils sont des diables, relate-t-elle. Haïti n’a fait que régresser. S’en suivit un processus impérialiste et colonial au sein du pays, dit-elle.
Roby Joseph, résident de Sudbury, est du même avis, mentionnant aussi cette première occupation américaine. Depuis lors, on ne fait que subir les conséquences de cette intervention qui n’avait pas amené de solution, dit-il en relatant à son tour des événements survenus lors de cette occupation. Depuis, c’est toujours une intervention après une autre, dit-il.
Darlène Lozis ajoute que cette première occupation a mené au pouvoir la dictature des Duvalier. Et comme c’était devenu à un moment donné une patate chaude pour eux [les États-Unis d’Amérique], ils ont accepté de soutenir la demande du peuple haïtien qui voulait une démocratie, affirme-t-elle.
Elle ajoute que de nombreuses autres interventions militaires étrangères ont suivi. À partir de 1994, quand on a demandé à l’ONU de venir faire une correction démocratique, on nous a laissé un bourbier, déplore-t-elle.
« Cette continuité s’est répétée en 2004, avec le coup d'État contre un président élu démocratiquement [Jean-Bertrand Aristide]. À partir de là, on a eu une succession de gouvernements décidés par les États-Unis. »
De son côté, Roby Joseph rappelle qu'Haïti n’est pas en guerre. De surcroît, la solution ne peut venir d’une police militaire, dit-il. Les militaires sont faits pour la guerre.
