Insultes et intimidation : le prix de la politique au féminin
Radio-Canada
Janice Savoie est catégorique quand on lui demande ce qu’elle a trouvé le plus difficile de ses sept années au conseil municipal de Kedgwick, dont cinq à la mairie : « le manque de respect », répond-elle en fronçant les sourcils.
Si t’es une femme, t’es pas écoutée. C'est quasiment comme si tu sais pas de quoi tu parles. T’es une femme, mais c'est pas dit ça. En public, il n’y a pas un homme qui va dire ça, mais l’atmosphère est là, raconte l’ancienne maire, qui malgré les défis, les comportements misogynes et les coups bas a su apprécier son expérience en politique municipale.
Janice Savoie n’est pas la seule à devoir travailler dans un climat toxique. Les politiciens sont de plus en plus ciblés par le harcèlement, les insultes, la cyberintimidation et les menaces.
Mais pour beaucoup de femmes, en particulier celles occupant des postes de pouvoir, les attaques sont quotidiennes, nombreuses et souvent virulentes.
L’ancienne ministre fédérale libérale, Catherine McKenna en sait quelque chose.
C’est vraiment difficile de parler de harcèlement parce qu’il y en avait beaucoup, sur les médias sociaux comme Facebook et Twitter. Il y avait même des photos que j’étais comme une Barbie et on l'écrasait, se souvient Mme McKenna.
Pour la députée de Fredericton, Jenica Atwin, les attaques ont explosé en nombre et en virulence le printemps dernier après qu’elle ait exprimé son soutien aux Palestiniens et quitté le Parti vert pour joindre les libéraux fédéraux.
Quand j’ai commencé comme députée, ce n’était pas un gros problème. Quand j'ai fait mon changement d'équipe, ç’a été comme un tsunami et maintenant, c’est continu, affirme la députée libérale de Fredericton. Celle-ci a même subi des menaces après lesquelles il aura fallu impliquer la police.
Les recherches montrent que, en fait, ce sont surtout les femmes politiques qui sont visées, explique la professeure Mireille Lalancette, en faisant référence à des études réalisées aux États-Unis. Selon cette spécialiste en communication politique, le harcèlement des femmes politiques est différent de celui que subissent leurs collègues masculins.