Initiations au hockey : des fédérations estriennes « choquées », mais « peu surprises »
Radio-Canada
Torture, abus sexuels, intimidation : s'il avoue que cela « donne un choc » de lire les allégations révélées par le chroniqueur sportif Martin Leclerc dans les ligues de hockey junior majeur canadiennes, le directeur général d'Hockey Sherbrooke, Stéphane Dion, admet « qu'on le sait que des événements comme ça se [passaient] ».
Le directeur général de Hockey Estrie, Rémi Meunier, soutient lui aussi qu'il n'est pas surpris de ce qu'il a appris concernant des témoignages de violences diverses faites notamment lors d'initiations de joueurs. C'est très désolant. Est-ce que c'est surprenant? Avec ce qu'on a vu de Hockey Canada et les organismes, qui vont camoufler certains gestes, ça n'arrive pas de nulle part. [...] Le chemin était ouvert, se désole-t-il.
« C'est à se demander quel est le profil psychologique qu'on cherche d'un individu pour qu'il soit un joueur de hockey, parce que ça déborde du sport, rendu là. Ce sont des comportements complètement inadmissibles. »
Un père et entraîneur bénévole au hockey à Granby, François Lemay, juge pour sa part que la situation est épouvantable et qu'on l'a laissé faire depuis trop longtemps.
Selon Martin Leclerc, le cas le plus récent date[rait] de 2014. Moi, je pense que ceux qui en ont parlé, c'est qu'ils ont quelque part renoncé à leur carrière. Ceux qui ont encore espoir de faire carrière dans le hockey n'ont pas participé dans ce processus judiciaire, soutient-il. Il déplore que les gens aient fermé les yeux et encouragé ce genre de situations.
Ce sont des choses qui se perpétuent depuis des dizaines d'années. C'est connu, mais les gens veulent faire [partie de] l'équipe et gardent le silence, que ce soient les dirigeants, les administrateurs, les joueurs. C'est une culture, c'est systémique, dénonce-t-il, tout en réclamant une enquête nationale sur le sport.
« C'est au courant de viols lors d'initiations, et ça ne fait rien! [...] Ce sont des "pissous", ce sont des gens indignes des fonctions qu'ils occupent. [...] Il faut arrêter d'être déçus ou en colère, on doit passer à l'action. Faut le faire, le ménage. Est-ce qu'on peut tasser les deux, trois dinosaures et mettre des gens plus modernes? »
Les deux directeurs généraux affirment cependant que les choses ont depuis évolué. Stéphane Dion assure que les organisations réagissent différemment qu'elles ne le faisaient dans le passé, et soutient que Hockey Sherbrooke a mis des mesures en place pour éviter ce genre de situations. On n'est plus là, on a mis en place des actions concrètes pour que les parents, les joueurs puissent dénoncer, affirme-t-il. Il y a beaucoup de prévention maintenant pour éviter ce genre de situations là. Mais toutes ces allégations font sourciller tout le monde, nous en premier.
Rémi Meunier souligne pour sa part qu'on savait qu'il y avait cette forme d'initiation là qui était faite. On recule de plusieurs années, où les vétérans accueillaient les plus petits. Rapidement, dans les niveaux mineurs, c'est quelque chose qui s'est arrêté, parce qu'il y avait des débordements.