Il y a 25 ans, le gouvernement Bouchard préférait ne pas ouvrir la loi 101
TVA Nouvelles
Il y a 25 ans, le Conseil des ministres de Lucien Bouchard refusait d’ouvrir la loi 101 pour protéger la langue française. En rétrospective, la ministre responsable du dossier à l’époque regrette ce choix.
Le 3 avril 1996, la ministre de la Culture, Louise Beaudoin, présente au gouvernement péquiste un mémoire sur les suites à donner au « bilan de la situation de la langue française au Québec », révèlent les délibérations du Conseil des ministres récemment rendues publiques.
« Le mémoire ne propose pas d’apporter de modifications à la Charte de la langue française, sinon des modifications mineures, mais propose de s’assurer que la Charte de la langue française soit appliquée comme toute autre loi avec fermeté et sans laxisme », explique la ministre d’entrée de jeu.
Le document note que « les actions proposées maintiennent le cadre législatif et réglementaire actuel » et s’appuient plutôt sur l’exemplarité de l’administration publique et la responsabilisation des entreprises et des individus.
L’Office québécois de la langue française n’obtient pas non plus de pouvoirs supplémentaires, « ce sont plutôt ses moyens d’intervention qui sont renforcés ».
Sanctions contre les employeurs qui exigent l’anglais à l’embauche, imposition de la loi 101 aux cégeps, affichage en français : les préoccupations soulevées par les ministres autour de la table rappellent grandement les enjeux au cœur du projet de loi 96, présentement à l’étude à Québec.
En entrevue, l’ex-ministre Louise Beaudoin reconnaît que le gouvernement péquiste aurait dû ouvrir la Charte pour aller plus loin, mais elle estimait, à l’époque, que Québec pouvait protéger la langue française sans contraindre.
« On pensait que l’impulsion qui avait été donnée était suffisante pour arriver à ce que le gouvernement prétend vouloir actuellement, c’est-à-dire que 90 % des transferts linguistiques [NDLR : l’adoption d’une nouvelle langue parlée à la maison] se fassent vers le français, alors qu’on en est à 53 % », explique-t-elle.
Au micro de QUB radio récemment, Mme Beaudoin était encore plus explicite. « C’est sûr et certain que, oui, j’ai des regrets. Mais rétrospectivement, je me dis : “Je ne savais pas ce qu’on sait aujourd’hui” », déclarait-elle.
Il n’est plus nécessaire de recourir à des ouvriers de sept métiers différents pour changer une porte dans une école, se réjouit le ministre Jean Boulet, qui n’anticipe pas de grogne sur les chantiers après sa réforme de la construction. Mais déjà, les opérateurs de machinerie lourde sont «en colère».