Hockey Canada, Moneyball et le sport canadien
Radio-Canada
Hockey Canada devra trouver son Billy Beane. Quelqu’un qui se battra contre la culture précédente, peu importe la résistance interne.
Qui est Billy Beane? Si vous êtes un adepte de sport comme moi, vous avez sûrement lu le livre – ou au moins vu le film – Moneyball, basé sur l’histoire réelle de Billy Beane, un ancien joueur de baseball qui a été le directeur général des A’s de Oakland de 1997 à 2016.
Avec un des plus petits budgets du baseball majeur, Beane avait compris que pour battre les équipes ultra riches comme les Yankees de New York, il ne fallait pas utiliser la même stratégie que ces clubs qui peuvent se payer les meilleurs joueurs.
Oui, je sais, Hockey Canada s’apparente plus aux Yankees qu’aux A’s. Mais là où Billy Beane frappe fort, et c’est ce dont le futur dirigeant ou la future dirigeante de Hockey Canada doit s’inspirer, c’est lorsqu’il se bat contre la mentalité du bon vieux boys club.
Dans l’épilogue, l’auteur du livre, Michael Lewis, montre bien comment les joueurs sont jugés de façon minutieuse et sévère sur leurs aptitudessur le terrain, mais qu’au deuxième étage, il n’y a aucun niveau d’incompétence qui ne sera pas toléré, si on fait partie du club. Il enchaîne en disant qu’il y a plusieurs façons de mettre le club dans l’embarras, mais qu’être mauvais dans son travail n’était pas une de celles-ci. Lewis explique bien que la seule qualité qui prévaut sur toutes les autres, c’est la clubabilité de l’individu.
Billy Beane avait tous les atouts d’un gérant de club de baseball, sauf celle qui primait sur tout. Il a tout fait pour se battre seul comme un chien contre le statu quo. C’est comme ça qu’il a quand même réussi l’impossible avec les A’s d’Oakland qui, en 2002, ont établi le record du plus grand nombre de victoires consécutives, 20. Ce record a tenu jusqu’en 2017, quand Cleveland a gagné 26 matchs de suite.
Celui ou celle qui prendra les rênes de Hockey Canada devra être solide et incorruptible. Disons qu’avec leurs coffres qui sont bien remplis, je ne m’inquiète pas trop pour leur capacité à trouver leur sauveur. Ça fera sûrement la file à la porte.
Là où je m’inquiète, c’est pour les A’s du sport au Canada : ceux qui en arrachent financièrement et qui dépendent du respirateur gouvernemental. Dans les dernières années, les histoires d’abus ont explosé. Des centaines d’athlètes de plus d’une dizaine de sports ont demandé la tête de leur dirigeant pour des raisons tout aussi valables que celles que nous venons de vivre avec Hockey Canada. Ces pauvres athlètes n’ont pas eu le dixième du soutien populaire et surtout politique que les Yankees du sport canadien ont reçu.
La force de frappe des élus contre Hockey Canada a été remarquable, et les athlètes non millionnaires canadiens l’ont appréciée, mais en même temps, plusieurs se sentent un peu comme des athlètes de deuxième classe, et je les comprends.