Guerre en Ukraine : quel rôle pour la Chine?
Radio-Canada
Les Américains ont mis en garde la Chine à plusieurs reprises contre une aide quelconque à la Russie dans sa guerre contre l’Ukraine. Le président Joe Biden l’a répété lors de sa rencontre avec Xi Jinping, le 18 mars : il y aura des « implications et conséquences » si la Chine fournit un soutien matériel à la Russie.
Depuis des jours, la Maison-Blanche laisse entendre que les Chinois envisagent cette option ainsi que celle d’apporter un soutien financier à Moscou pour l'aider à éviter l'impact des sanctions.
Mais Pékin envisage-t-il vraiment d’aider la Russie ou s’agit-il là plutôt d’allégations destinées à la salir, comme le prétendent les Chinois?
La Chine a plus à perdre qu’à gagner en soutenant la Russie de façon explicite, estime Marc Julienne, responsable des activités Chine à l'Institut français des relations internationales (IFRI).
La Chine a intérêt à ce que la Russie remporte autant de gains que possible en Ukraine, mais un soutien militaire est très peu crédible, affirme-t-il. Cela signifierait de s'exposer aux sanctions des pays occidentaux et, étant donné le contexte intérieur, je doute que Pékin puisse se le permettre.
En marge des Jeux olympiques, la Chine et la Russie ont conclu le 4 février un partenariat sans limites, appelant à une nouvelle ère dans les relations internationales et à la fin de l'hégémonisme américain. Dans une déclaration commune, les deux pays ont dénoncé le rôle des alliances militaires occidentales telles que l'OTAN, les jugeant destructrices pour la stabilité et la paix mondiales. Cette déclaration en a fait frissonner plusieurs, qui y ont vu le retour de la guerre froide.
Mais, en réalité, la Russie a forcé un peu la main des Chinois avec cette proclamation, estime Yves Tiberghien, directeur émérite de l’Institut de recherches sur l'Asie de l’Université de la Colombie-Britannique. C'était clairement écrit par la Russie et c'est pour ça qu’elle était très impatiente de le publier. Il n'y a aucun intérêt pour la Chine à signer cette déclaration, parce que c’est elle l'acteur dominant.
Fondamentalement, précise-t-il, cette alliance ne tient que par l'opposition à un ennemi commun.
« Il n'y a pas de confiance entre la Chine et la Russie, que ce soit au niveau des élites ou au niveau de l'opinion. C'est une entente tactique parce qu'ils se sentent menacés par les États-Unis. »