Frantz Saintellemy, d’élève en difficulté à chancelier d’université
Radio-Canada
Frantz Saintellemy aime dire qu’il est une improbabilité statistique. Il a passé sa vie à défier les pronostics qui prédisent un avenir sombre aux jeunes noirs de quartiers défavorisés.
Né en Haïti, arrivé à Montréal à l’âge de 8 ans, élevé par une mère monoparentale qui gagnait durement sa vie comme couturière : peu de gens auraient misé sur ses chances de réussite.
Et pourtant. L’ingénieur est aujourd’hui un scientifique de réputation internationale et un riche entrepreneur. En octobre dernier, il est aussi devenu, à 48 ans, le plus jeune chancelier de l’Université de Montréal et la première personne noire à occuper cette fonction au Québec, la deuxième au Canada.
Quand il est arrivé à Montréal, dans le quartier Saint-Michel, le jeune Frantz, qui ne parlait que créole, avait beaucoup de difficultés à l’école, au point d'être rétrogradé en classe d’accueil.
Puis, un enseignant le remarque dans la cour d’école, le cancre mobilise des camarades pour jouer au soccer, l’une de ses passions. Ce professeur, Gérard Jeune, a cru en moi, il m’a pris dans sa classe régulière. J’ai vite appris le français et l’anglais, confie-t-il.
Grandir dans une famille nombreuse l’a aussi poussé à vouloir réussir. Il a cinq frères et sœurs, sept demi-frères et sœurs. Dans une grande famille, il faut que tu négocies, tu peux pas tout avoir, donc ça m’a aidé à faire des choix rapidement, à savoir négocier, à tenir mon bout.
Après le cégep, ses performances scolaires lui permettent d’obtenir des bourses qui lui ouvrent les portes d’universités américaines. Il étudie d’abord en génie électronique et informatique à l'Université Northeastern à Boston puis il fait un doctorat au prestigieux Massachusetts Institute of Technology.
Durant sa toute première année à Boston, il est recruté par le patron d’Analog Devices, un géant dans l’industrie des semi-conducteurs. Sa passion pour les micropuces lui fait gravir les échelons à la vitesse de l’éclair.
À Analog, il met sur pied une nouvelle direction qui développe, pour les automobiles, des systèmes audiovisuels de qualité studio. Après seulement quelques années, le chiffre d’affaires de cette division atteint 380 millions.