Former les Cris vivant en milieu isolé à réaliser leur dialyse à domicile
Radio-Canada
Alors que les problèmes de diabète de type 2 touchent trois fois plus les Cris que la moyenne québécoise, la communauté de Waskaganish a inauguré mardi son centre de formation en dialyse à domicile.
Nommé Ispeyimuunikamikw (The Hope Center, ou le centre de l'espoir), le centre permettra d’augmenter l’autonomie des patients tout en réduisant le besoin de passer du temps à l'extérieur d'Eeyou Istchee (le territoire cri), mentionne le Conseil cri de la santé et des services sociaux de la Baie James (CCSSSBJ), qui pilote le projet.
Actuellement, une centaine de Cris, vivant en région éloignée, reçoivent des traitements de dialyse au Québec. Ceux de Chisasibi et Mistissini peuvent recevoir leurs traitements dans l'une des deux cliniques construites pour faciliter leur prise en charge. Les membres des sept autres communautés doivent faire jusqu'à trois heures de route, plusieurs fois par semaine, pour rejoindre Chibougamau. Ils doivent parfois déménager à Montréal.
On a des cas de mères qui ont dû laisser leurs enfants dans la communauté pour aller s'installer à Montréal, un an, deux ans et parfois plus, le temps de recevoir un rein. Ça a des conséquences dramatiques sur tout le monde, confie Sophie Leclercq, gestionnaire au Conseil cri de la santé et des services sociaux de la Baie James.
Selon une étude publiée en 2017, environ 5 % des patients canadiens sous dialyse doivent parcourir plus de 250 km pour recevoir un traitement. Chez les patients autochtones, c'est 20 %, avec les risques d'accidents que cela comporte, surtout l'hiver.
Former un patient et ses proches aux techniques de l'hémodialyse à domicile ou à la dialyse péritonéale prendra de quatre à six semaines au nouveau centre de Waskaganish. Le patient prendra progressivement le contrôle de sa machine et de son traitement pour devenir complètement autonome à la fin de la formation, a déclaré par voie de communiqué le CCSSSBJ.
Actuellement, recevoir cette formation nécessite de passer de quatre à six semaines à Montréal. Il faut notamment apprendre à préparer le dialyseur, installer la tubulure, se connecter à l'aide d'aiguilles spéciales pour l'hémodialyse, résume Sheriane Cowie, infirmière spécialisée affectée au nouveau centre.
C'est elle qui sera notamment chargée d'évaluer les patients cris qui pourront bénéficier de la formation d'hémodialyse à domicile. Mais avant, il faut finaliser le recrutement des infirmières et les former. À terme, le centre aimerait être capable de former et de suivre une dizaine de nouveaux patients par an.
Pouvoir effectuer la dialyse à domicile facilite grandement la vie personnelle et professionnelle (Nouvelle fenêtre) des patients.