Et si notre bipédie était apparue dans les arbres?
Radio-Canada
L’hypothèse selon laquelle nos ancêtres ont commencé à marcher sur deux jambes lorsqu’ils sont passés d’un environnement composé de forêts à celui plus ouvert des savanes est remise en question par des observations de chimpanzés sauvages réalisées par des scientifiques britanniques et américains.
Dans une étude publiée dans la revue Science Advances (Nouvelle fenêtre) (en anglais), des paléoanthropologues dirigés par Rhianna Drummond-Clarke de l’Université Kent ont analysé les comportements d’un groupe de chimpanzés vivant dans une région de la vallée d'Issa, en Tanzanie, qui présente les deux types d’environnement.
La compilation des données d’observation tend à montrer que les chimpanzés étudiés ne présentent pas plus de comportements bipèdes dans la savane-mosaïque, un environnement ouvert parsemé d'arbres. Bien au contraire.
Il y a plusieurs hypothèses pour expliquer la bipédie qui ne sont pas mutuellement exclusives. C’est un sujet d'étude qui est très pertinent dans le sens où on ne sait pas vraiment pourquoi on a adopté ce mode de locomotion, relève l’anthropologue Michelle Drapeau de l’Université de Montréal, qui n’a pas participé à l’étude.
Ainsi, de nombreuses théories sont avancées pour expliquer pourquoi nos ancêtres ont commencé à se tenir debout pour se déplacer :
Ces hypothèses présentent toutes un point en commun : elles se basent sur le fait que nos ancêtres sont descendus des arbres pour commencer à marcher debout sur le sol lorsque leur habitat est devenu plus ouvert et plus sec au moment où les forêts denses ont disparu pour faire place à un environnement de savanes à la suite de changements climatiques.
La Pre Drapeau pense cependant que ce point à lui seul ne peut expliquer le passage à la bipédie. Dans les reconstitutions environnementales passées, les espèces les plus anciennes vivaient en bonne partie dans les régions encore assez boisées, remarque-t-elle, en ajoutant que même les reconstitutions sont sujettes à des désaccords parmi les scientifiques.
« De façon générale, toutefois, on peut affirmer qu'il y avait encore beaucoup de zones assez fermées qu'on appellerait de la forêt, même s’il y avait aussi des zones un peu plus ouvertes, des environnements mosaïques. »
Pour explorer les chemins menant à l’apparition de la bipédie, l’équipe britanno-américaine a donc analysé les comportements de chimpanzés sauvages vivant sur un territoire incluant une savane-mosaïque : un habitat ouvert avec peu d'arbres et des parcelles de forêt dense.