
Enquête sur Portapique : appeler des témoins à comparaître, mais à quel prix ?
Radio-Canada
Les avocats des proches des victimes de la fusillade de Portapique, et ceux qui représentent la conjointe du tireur et les policiers qui ont répondu aux premiers appels de détresse, sont engagés dans un véritable bras de fer pour déterminer qui témoignera devant la commission d’enquête sur la pire tuerie de masse de l’histoire récente du Canada.
La deuxième semaine d’audiences publiques de la Commission des pertes massives des 18 et 19 avril 2020 en Nouvelle-Écosse a permis d’établir une chronologie détaillée des premières heures de la tragédie à partir de témoignages de survivants, d’appels au 911 et de communications de la police.
Le récit donne froid dans le dos.
Les participants aux audiences publiques à Halifax ont appris que le tueur avait probablement déjà abattu huit de ses voisins et allumé trois incendies à Portapique lorsque les premiers agents de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) sont intervenus, à tâtons dans l’obscurité, dans cette petite communauté rurale qu’ils connaissaient peu.
Des documents déposés devant la Commission des pertes massives révèlent qu’au même moment, des enfants qui ont vu leurs parents se faire assassiner sous leurs yeux étaient suspendus à leur téléphone, décrivant avec une clarté bouleversante la scène d’horreur à un téléphoniste du 911.
Ils ont identifié le tireur par son prénom, sa profession et son véhicule.
Si la chronologie établie par la commission d’enquête est exacte, les policiers ont raté le tueur de peu avant qu’il ne s’échappe par un chemin privé. Le denturologiste de 51 ans vêtu d’un uniforme de la Gendarmerie royale du CanadaGRC et conduisant une réplique d’une autopatrouille, a poursuivi sa cavale meurtrière le lendemain, faisant au total 22 victimes, dont une femme enceinte et une policière.
La Commission des pertes massives de la Nouvelle-Écosse ne s’est penchée jusqu’ici que sur les trois à quatre premières heures de la tuerie de masse, qui a duré 13 heures.
L’avocat de la commission, Me Roger Burrill, reconnaît sans ambages que ce fil des événements est entrecoupé de simples hypothèses sur les actions du tueur. Il y a, dit-il, des périodes plus ou moins longues durant la fusillade pour lesquelles les enquêteurs ne peuvent établir les faits avec certitude.
