
Enquête sur les CHSLD : des syndicats veulent repenser le système de santé
Radio-Canada
« On ne peut pas prendre soin de nos aînés si notre système de santé lui-même est malade » : c'est sur cette note sombre que la représentante du Syndicat des infirmières, inhalothérapeutes et infirmières auxiliaires de Laval (FSQ-SIIIAL-CSQ), Me Amy Nguyen, a présenté mardi ses recommandations à l'enquête de la coroner sur les décès en CHSLD durant la première vague.
Elle a montré du doigt la réforme Barrette de 2015, qui a créé les mégastructures organisationnelles que sont les Centre intégré de santé et de services sociauxCISSS et les Centre intégré universitaire de santé et de services sociauxCIUSSS. À la coroner, elle a dit que les conclusions de son rapport devraient toucher le noyau même du système de santé, son fonctionnement, sa gestion.
En ce qui a trait aux Centre d'hébergement et de soins de longue duréeCHSLD, tout le monde est responsable de quelque chose, et donc personne n'est responsable : il y a toujours quelqu'un à qui on peut relancer la balle, a renchéri Me Sophie Brochu, qui représente l'Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS). Elle aussi pense que c'est le système au complet qui a failli, de manière systémique.
Au courant de la semaine dernière, plusieurs représentants du gouvernement sont venus témoigner devant la coroner Géhane Kamel, la plupart sans accepter la responsabilité de l'hécatombe.
Ceux qui sont en haut de la pyramide ont le luxe de la distance, a réagi Me Brochu, alors que les membres de l'Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociauxAPTS, qui ont été délestés en milieux de soins pour aînés sans formation ni encadrement suffisant, vont vivre toute leur vie avec ce qu'ils ont vécu en Centre d'hébergement et de soins de longue duréeCHSLD, beaucoup ayant même subi un choc post-traumatique.
Cet imbroglio bureaucratique, ainsi que la longue distance entre les décideurs et le terrain, ont coûté la vie à de nombreux résidents, ont fait valoir les avocates, plaidant pour une gestion de proximité où les décideurs sur le terrain pourraient prendre eux-mêmes des décisions rapides et adaptées à leur milieu.
Me Nguyen a cité les directives envoyées par le ministère de la Santé, qui étaient souvent mal comprises, par exemple l'ordre de limiter les transferts vers les hôpitaux qui a, au bout du compte, empêché des aînés malades de recevoir des soins à l'urgence. Elle a aussi soulevé le fait que les directives prenaient tellement de temps à arriver que le ministère avait eu le temps de les modifier avant même qu'elles arrivent en Centre d'hébergement et de soins de longue duréeCHSLD.
Combien de patients seraient encore en vie si on avait eu assez de personnel, s'est demandé Me Nguyen, et pas seulement du personnel, mais des travailleurs en santé en nombre suffisant et surtout pas malades et contagieux avec virus?, une référence à certains témoignages d'infirmières qui avaient été forcées de travailler malgré leurs symptômes.
L'amélioration des conditions de travail est pour elle la clé du succès, puisque si on ne fait rien pour le personnel de la santé, il y aura de moins en moins de travailleurs qui voudront rester dans ce domaine.
