Des voisins ne se parlent plus depuis le blocage de Coutts, en Alberta
Radio-Canada
La petite communauté de Coutts a été lourdement affectée par la manifestation qui a provoqué pendant un peu plus de deux semaines la fermeture de la frontière canado-américaine dans le sud de l'Alberta, l'hiver dernier, a soutenu mercredi le maire du village, Jim Willett, à la Commission d'enquête sur l'état d'urgence.
Le barrage routier a durablement divisé la municipalité de 224 habitants, à en croire M. Willett. Encore aujourd'hui, des voisins de ne se parlent plus, a-t-il témoigné, en matinée, lors de son interrogatoire devant le juge Rouleau.
Certains résidents n'ont pas été affectés, ou si peu, a reconnu le maire Willett, précisant que, même si le blocage les empêchait de sortir du village, une petite route privée leur permettait de contourner la manifestation pour se rendre au village voisin de Milk River.
En outre, 70 % des habitants de Coutts étaient d'accord avec les revendications des protestataires, a-t-il estimé.
D'autres résidents, toutefois, ont vécu plus difficilement les événements. Une amie, qui a combattu en Afghanistan et qui souffre du syndrome de stress post-traumatique, a dû quitter le village, a raconté M. Willett. Elle ne pouvait tout simplement pas supporter tout ça.
Une autre résidente âgée était incapable de sortir de chez elle, a poursuivi le maire, qui avait plus tôt évoqué le concert des klaxons qui, comme à Ottawa à la même époque, résonnait puissamment dans les rues de Coutts.
Si quelqu'un venait la chercher pour la conduire à un rendez-vous chez le médecin, ou quelque chose comme ça, elle se recroquevillait, a-t-il raconté, ému, interrompant brièvement son témoignage pour reprendre ses esprits.
Emprunter le chemin privé pour contourner le barrage – qui était composé de camions, de tracteurs et d'autres véhicules lourds – était intimidant en soi, surtout en Prius, a ajouté M. Willett.
« J'ai toujours eu l'impression que les manifestants avaient pensé au village après coup; qu'ils voulaient bloquer l'autoroute, et qu'ils se sont rendu compte par la suite que 250 personnes vivaient là. »
