Des psychologues dénoncent les pressions pour réduire l’attente en santé mentale
Radio-Canada
Des psychologues du réseau public qui travaillent au sein de différents CISSS et CIUSSS du Québec disent recevoir des pressions pour réduire les listes d’attente en santé mentale. Ils déplorent aussi que plusieurs requêtes en psychothérapie soient orientées vers d’autres services, comme en psychoéducation.
Selon nos sources, qui ont pour la plupart demandé à ne pas être identifiées par peur de représailles, ces pratiques seraient mises en œuvre pour répondre à une demande provenant d’en haut. D’autres professionnels de la santé mentale comme des psychoéducateurs, des travailleurs sociaux ou encore des intervenants psychosociaux, subiraient aussi ces pressions.
Ce n’est effectivement pas la première fois que des personnes qui œuvrent en santé mentale au Québec déplorent ce genre de tactiques. Cette fois, des psychologues lèvent la main, dans un contexte d’exode vers le privé.
Ainsi, dans différents établissements de la province, des moyens seraient suggérés par des gestionnaires et coordonnateurs de services pour donner l’impression que les listes baissent.
Dans sa plus récente mise à jour faite en septembre, soit quelques jours après le déclenchement des élections, le Guichet d’accès en santé mentale (GASM) indiquait que 21 050 personnes patientaient pour recevoir un service.
Plus précisément, 10 254 personnes étaient en attente pour un soin de première ligne (problèmes d’intensité légère à modérée ou sévère/complexe, mais stabilisés) puis 10 796 pour un soin de deuxième ligne (trouble de santé mentale grave avec atteintes sévères sur le plan du fonctionnement global).
Mais les chiffres de ces listes ne seraient pas tout à fait représentatifs de la réalité, avertissent tous les psychologues qui se sont confiés à Radio-Canada.
Selon eux, les besoins en santé mentale seraient encore plus grands que ce que disent les chiffres du Guichet d'accès.
« On nous dit : “Attribuez-vous les gens sur votre liste, comme ça le compteur s'arrête”. Et on nous dit de les rappeler plus tard. »