
Des personnalités françaises chantent en persan en soutien au peuple iranien
Radio-Canada
À l'initiative de l’autrice et réalisatrice franco-iranienne Marjane Satrapi, plusieurs artistes de France, dont les actrices Chiara Mastroianni et Camille Cottin ou encore la chanteuse Yael Naim, ont repris la chanson iranienne Bayare, devenue l’emblème musical du mouvement de contestation du régime iranien.
C’est l’auteur-compositeur-interprète Benjamin Biolay qui a arrangé musicalement cette version de Bayare, dont le vidéoclip a été mis en ligne mercredi.
Je me suis dit, il faut que les Français chantent en persan, parce que c'est un message qu'on envoie aux Iraniens, Il n'y a rien de plus touchant que quelqu'un qui essaie de te parler dans ta langue, dit Marjane Satrapi, qui est née en Iran.
Le vidéoclip utilise aussi quelques images du film d’animation Persepolis, qu’elle a coréalisé à partir de sa bande dessinée autobiographique publiée dans les années 2000. Des extraits qui constituent un rappel amer que la répression est toujours sanglante en Iran, 40 ans après les événements racontés par Marjane Satrapi dans Persepolis.
Celle qui a aussi créé Poulet aux prunes a tenu à ce que des hommes et des femmes apparaissent dans le vidéoclip. Elle souligne que toute la beauté du mouvement iranien est d'avoir été initié par les femmes et rejoint par les hommes.
Au début du mois d’octobre, des actrices françaises, dont Isabelle Huppert, Marion Cotillard, Isabelle Adjani, Juliette Binoche, s’étaient coupées une mèche de cheveux en solidarité avec la lutte des femmes iraniennes.
J'ai vu plein de trucs critiquant les actrices qui se coupaient une mèche en soutien au mouvement en Iran, relève Marjane Satrapi. En soi, on peut critiquer tout. Mais au moins, on fait quelque chose. Il n'y a rien de pire au monde que l'indifférence.
Même si elle ne pense pas qu'un vidéoclip pourra changer les choses, l’artiste reste optimiste. Le barrage est en train de céder, et la révolution, comme Marjane Satrapi la qualifie, ira jusqu'au bout. Au point que celle qui pensait ne jamais revoir l'Iran de son vivant, se prend à rêver d'un autre futur.
Comme je suis un peu morbide, j'ai fait un testament, confie-t-elle dans un sourire : Je me disais que même si je ne peux plus rentrer dans mon pays, il faudrait m'y enterrer, pour que la boucle soit bouclée. Maintenant, je me vois à nouveau sillonner les rues de Téhéran, la ville la plus moche et la plus belle de la Terre à la fois.
