Des organismes s’opposent à une nouvelle contribution liée à l’hébergement d’urgence
Radio-Canada
Des organismes communautaires dénoncent la décision de la Ville de Sherbrooke d'imposer une contribution financière aux personnes qui auront recours aux services d'hébergement d'urgence.
Dorénavant, les locataires qui se retrouvent à la rue après l’échéance de leur bail devront payer l'équivalent du coût de leur dernier loyer. En échange, la Ville leur fournira un hébergement temporaire, des repas, les frais de déménagement et la prise en charge de leurs animaux de compagnies.
L’Association des locataires de Sherbrooke ainsi que le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) s'opposent vertement à cette décision, souligne la porte-parole du FRAPRUFront d'action populaire en réaménagement urbain Véronique Laflamme.
Je vous dirais qu’on a réagi avec surprise et stupéfaction. C’est un précédent, c’est une première qu’une administration municipale décide d’imposer une contribution monétaire sans logis pour de l’hébergement d’urgence, souligne-t-elle. Venant de la part de Sherbrooke, c’est d’autant plus surprenant, car c’est quand même une administration sensible à la crise du logement et aux besoins des ménages locataires mal logés en général.
Mardi lors du conseil municipal de Sherbrooke, la mairesse Évelyne Beaudin a indiqué que le montant demandé aux locataires sera loin de couvrir les dépenses assumées par la Ville. Le FRAPRUFront d'action populaire en réaménagement urbain indique qu’il s’opposerait à toute demande de contribution, mais juge que le montant de l’ancien loyer est particulièrement élevé.
Cette logique est insidieuse, dire "on va leur charger le prix qu’ils auraient payé dans leur ancien logement." C’est faire fi de la réalité de bon nombre de ménages locataires qui déjà, paient beaucoup trop cher pour se loger, car il n’y a pas autre chose de disponible [...] Il y a déjà un nombre de ménages qui paient beaucoup plus que la norme de 30 % de son revenu pour se loger et qui n’a pas les moyens de subvenir aux besoins de leurs familles, et qui doivent couper dans d’autres besoins essentiels chaque mois, rappelle-t-elle.
Elle ajoute que des dépenses importantes peuvent être engendrées par la perte d’un toit. Quand on se retrouve sans logement, on n’est pas hébergé nécessairement dans le même quartier, on a des enfants souvent qui vont fréquenter des CPECentre de la petite enfance, des écoles, des camps de jour, c’est des dépenses supplémentaires pour la famille [...] Il n'y a pas les installations pour cuisiner des repas, etc.
« Si ces gens-là payaient 50-60 % de leur revenu pour se loger, ils vont se retrouver avec mois que rien, donc ça va nuire à leurs démarches, et les mettre dans une situation encore plus précaire. »
Selon le FRAPRUFront d'action populaire en réaménagement urbain, il faudrait demander au gouvernement du Québec de bonifier son programme d’aide d’urgence avant de faire payer les personnes sans logement.