
Des femmes font pétiller l’industrie brassicole du Québec
Radio-Canada
L’Association des microbrasseries du Québec (AMBQ) estime que seulement une quinzaine de femmes seraient brasseuses sur un total de 302 microbrasseries dans la province. Les femmes ne sont pas exclues de cette industrie pour autant : elles sont nombreuses à occuper des emplois clés, souvent dans l’ombre de leurs collègues masculins, majoritaires dans les salles de brassage.
La tignasse rousse de la copropriétaire de la Microbrasserie du Lac St-Jean est difficile à manquer. Annie St-Hilaire est constamment en mouvement, passant de la brasserie au sous-sol, au pub à l’étage, puis à la terrasse et à la boutique adjacente. Elle a des journées bien remplies, mais quand on lui demande quelles sont ses responsabilités au sein de l’entreprise, elle peine à répondre.
Ah ça! Des chapeaux, j’en ai tellement. À force de ne pas être attitrée à une tâche en particulier, c’est difficile de définir ce que je fais. J’ai fait de l’administration pendant un temps cette année; là, je m’occupe beaucoup du bistro. Je vais souvent aller pallier ce qui va moins bien, explique-t-elle, attablée à la grande terrasse de sa microbrasserie de Saint-Gédéon.
L’entreprise célèbre cette année son 15e anniversaire, ce qui en fait l’une des premières de cette nouvelle vague de microbrasseries québécoises. Selon Annie St-Hilaire, bon nombre de ces établissements ont été créés par des couples hétérosexuels. Résultat, la dynamique est souvent la même : l’homme s’occupe des tâches manuelles, dont le brassage, et la femme est responsable de l'administration, du marketing ou de la planification.
Une affirmation plutôt juste, selon la directrice générale de l’AMBQ, Marie-Eve Myrand.
On retrouve souvent les femmes dans un rôle de gestion plus large, quelques-unes sont dans les salles de brassage ou ont un intérêt par rapport à ça, mais ce n’est pas légion, soutient-elle.
Catherine Dionne-Foster est l’une de ces quelques brasseuses et copropriétaires. Il y a 12 ans, elle a fondé la microbrasserie La Korrigane, située dans le quartier Saint-Roch à Québec, avec son conjoint Guillaume Carpentier.
Quand je brasse, j’aime tellement ce climat-là, chaud, humide, tropical, ça me fait du bien. C’est zen, ça me calme, avec les odeurs en plus, ça sent vraiment bon, confie celle qui ne brasse plus depuis le début de la pandémie, pour assurer du travail à temps plein à son brasseur.
En 12 ans, La Korrigane s’est développée, agrandie, et le milieu brassicole a évolué. Mais Catherine constate qu’encore aujourd’hui, les femmes sont peu nombreuses dans les salles de brassage.
