Des enfants déracinés à des centaines de kilomètres, faute de familles d’accueil
Radio-Canada
Lucille Rouillard a accueilli plus d’une centaine d’enfants depuis ses débuts comme famille d’accueil à Amos, il y a 24 ans. Aujourd’hui, quatre des six enfants qu’elle héberge ont été forcés de se déplacer à plusieurs centaines de kilomètres de chez eux pour avoir une place en milieu familial.
La raison de ces nombreux déracinements : un manque sans précédent de familles d’accueil sur l’ensemble du territoire québécois, qui se fait d’autant plus sentir en région éloignée.
Lucille Rouillard est aussi présidente du syndicat des intervenant-es en milieu résidentiel à l'enfance de l'Abitibi-Témiscamingue (SIMRE-AT). Selon elle, cette pénurie était pourtant prévisible.
« Le manque est pire qu’il n’a jamais été. Les ressources actuelles sont vieillissantes et il n’y a pas de renouvellement qui se fait. Ça fait des années qu’on voit ça venir. »
La situation est la même pour tout le Québec, selon Geneviève Rioux, présidente de la Fédération des familles d'accueil et ressources intermédiaires du Québec (FFARIQ), qui compte huit comités régionaux.
Ça fait 17 ans que je suis une famille d’accueil et je n’ai jamais vu ça. Par contre, ça ne veut pas dire que ça ne pourrait pas empirer. Il faut absolument qu’on trouve un moyen de recruter davantage et d’encourager les gens à rester une famille d’accueil plus longtemps, soutient-elle.
Dans une ville comme Laval, par exemple, si un enfant doit être placé, il peut être à 15 ou 20 minutes de sa famille et de son milieu. En région, on voit de plus en plus d’enfants placés très loin de chez eux. C’est grave ce qu’il se passe en ce moment, explique Geneviève Rioux.
À titre d’exemple, aucune place n’est actuellement disponible en famille d’accueil à Rouyn-Noranda.
Un enfant dans le besoin n’aurait ainsi d’autre choix que d’être déplacé à Amos, Senneterre, Ville-Marie, La Sarre ou Val-d’Or, où se trouvent les dernières places disponibles en Abitibi-Témiscamingue. Ces villes sont toutes à plus d’une heure de route de Rouyn-Noranda.