
Des camionneurs d’origine sud-asiatique n’affichent pas leurs appuis aux convois
Radio-Canada
Des camionneurs d’origine sud-asiatique affirment ne pas partager les revendications des camionneurs qui ont manifesté bruyamment contre les mesures sanitaires à Ottawa et près de plusieurs postes frontaliers.
Premièrement, leur communauté a largement adopté la vaccination contre la COVID-19, dit Statistique Canada. À titre d’exemple, à Brampton en Ontario, dont beaucoup de résidents sont d'origine récente d’Inde et du Pakistan, le taux de vaccination est de 92,5 % chez les personnes âgées de 5 ans et plus.
Ensuite, ils donnent la priorité aux conditions d’emploi et aux salaires.
« Ils ne veulent pas nous écouter », dit Lovepreet Singh, un camionneur albertain qui a perdu une semaine de travail, car les manifestants l'empêchaient de conduire son poids lourd aux États-Unis. D’après lui, non seulement leurs revendications ne l’interpellent pas, mais il a fait l’objet de commentaires désobligeants, du genre, rentre chez toi en faisant allusion à ses origines.
Le fondateur de l’Alliance de l'Asie du Sud pour la santé mentale, Kulpreet Singh, qui a lancé une campagne de financement pour la communauté sud-asiatique, souligne que les camionneurs se sentent marginalisés devant les voix de l’extrême droite qui se sont emparées des manifestations.
Or, selon Statistique Canada, les camionneurs d’origine sud-asiatique constituent 16 % de la profession au pays alors qu'ils n'étaient que 2 % en 1996, À Toronto et Vancouver plus de la moitié des camionneurs sont originaires de l’Asie du Sud.
Le camionneur Lovepreet Singh envisage de quitter la profession. J’ai eu de nombreuses mauvaises expériences ces derniers mois , affirme-t-il.
Mais si M. Singh et d'autres collègues décident de ne plus conduire de poids lourds, la profession en sera pénalisée, car presque 23 000 emplois de camionneurs n’étaient pas pourvus au troisième trimestre de 2021, soit un nombre historiquement élevé, selon Statistique Canada.
RH Camionnage Canada s’attend même à 55 000 postes à pourvoir en 2023, car les jeunes, les femmes et les retraités quittent la profession en grand nombre.
