Derniers regards de Jean-Claude Beauchemin sur Rouyn-Noranda Derniers regards de Jean-Claude Beauchemin sur Rouyn-Noranda
Radio-Canada
Ce sont mes racines… Quand on sent que la vie nous quitte, je pense que j’ai une immense satisfaction à l’idée que non seulement j’ai débuté ma vie à Rouyn, mais que je vais la terminer là aussi, commence-t-il par dire.
Celui qui a été conseiller de l'ancien premier ministre Bernard Landry affirme que même lorsque les mandats l’ont amené à s’exiler, il a toujours conservé un lien avec sa ville natale. Je me suis toujours identifié à Rouyn-Noranda. Mon destin et le destin de Rouyn, dans ma tête, c’est quelque chose d’unique, confie Jean-Claude Beauchemin dans un entretien réalisé à sa sortie de l’hôpital et bien conscient que le temps lui est désormais compté.
Maire de Rouyn-Noranda de 2002 à 2005, Jean-Claude Beauchemin a aussi été fondateur du Centre de réadaptation La Maison et a investi dans la création de la maison des jeunes La Soupape, en plus d'être un véritable ambassadeur de l’Abitibi-Témiscamingue et de son unicité.
C’est un milieu de vie exceptionnel, fait-il valoir. Les relations humaines, ici, c’est caractéristique de l’Abitibi-Témiscamingue. La première activité, c’est de se côtoyer. On partage nos projets, on regarde nos gens et on est contents du succès. Ce qui nous distingue, c’est notre proximité et notre ouverture aux autres.
En effectuant une rétrospective de ses souvenirs, Jean-Claude Beauchemin, âgé de 74 ans, n’hésite pas à retracer le parcours historique singulier de Rouyn-Noranda.
Géographiquement, Rouyn est plus Témiscamien qu’Abitibien. C’est l’extrême-nord du Témiscamingue. On est tout juste au sud de la ligne du partage des eaux, une petite partie de notre territoire - Destor, Cléricy, Mont-Brun - qui fait partie de l’Abitibi, et c’est un milieu qui ne devait pas se développer, c’était un endroit improbable. Les rivières avaient plus de difficulté à transporter le bois… mais un dénommé Edmund Horne a trouvé un filon de cuivre d’une telle richesse que Rouyn est apparue comme le milieu le plus dynamique du Nord-Ouest québécois. C’est un petit miracle des ressources naturelles, raconte-t-il.
Ce qui est la source de bien des problèmes devrait faire notre fierté. Cette fonderie a fait notre fierté. Les financiers américains et de Toronto qui ont investi pour ouvrir cette région, ils ont établi une usine ultra moderne qui reste toujours à Rouyn-Noranda. Je comprends les retombées négatives. J’ai grandi dans les gaz de la mine, comme on disait dans le temps, mais ça n’a cessé de s’améliorer et si la population continue de se mobiliser pour obtenir toujours mieux et des meilleurs résultats, il restera une fierté d’avoir une fonderie parmi les meilleures du monde, souligne M. Beauchemin.
À cette fierté d’avoir vu croître la vitalité économique de Rouyn-Noranda, Jean-Claude Beauchemin y voit une forme de dette morale, celle de remettre en état ce qui a été détérioré par le développement urbain et industriel.