Dans le milieu artistique de l’Î.-P.-É., difficile de sortir du « carcan »
Radio-Canada
Il serait difficile de percer hors d'un « carcan » traditionnel, selon des témoignages. S'exporter semble être un passage obligé pour faire carrière.
Jacques Arsenault se souvient parfaitement de ce jour où, à 17 ans, en annonçant son souhait de faire carrière en musique classique, quelqu'un lui a dit : Tu abandonnes ton héritage acadien.
Ça m'avait vraiment frappé, mon héritage ne change pas, peu importe la musique que je fais, déplore le ténor, qui a commencé sa carrière en jouant de l'accordéon avant de bifurquer vers l'opéra.
Expatrié pendant 12 ans à Montréal, il est revenu vivre à l'Île-du-Prince-Édouard à causer de la pandémie, ce qui s'est accompagné d'une anxiété plus grande.
C'est tellement plus petit. S'il y a quelqu'un qui vient à mon show puis qu'il ne l'aime pas, il y a beaucoup plus de chances que ce soit quelqu'un que j'ai connu toute ma vie. Ou que c'est quelqu'un qui fait partie de ma parenté, confie-t-il.
Quand il se produit sur scène, il veut faire une bonne job, ne pas avoir l'air incompétent, mais ne veut pas se sentir obligé de faire une chose ou une autre, en référence à la remarque sur l'abandon de son héritage. Et, bien sûr, il souhaite vendre, car c'est cela qui le fait vivre.
Le photographe Rémi Thériault, installé à Ottawa depuis une quinzaine d'années, est d'accord avec cette contrainte. Fondateur du studio House of common, il poursuit une carrière artistique prolifique, couronnée de plusieurs prix et d'une nomination aux Juno en 2021.
Songe-t-il à revenir à l'Île-du-Prince-Édouard? Pour moi ce serait plus difficile. Mon revenu vient surtout des campagnes nationales que je fais avec le gouvernement, avec des compagnies de cannabis. Faire de grosses campagnes marketing me permet de payer mon loyer et mes vacances, explique-t-il.
La saisonnalité des activités insulaires explique aussi en partie sa décision. Lorsqu'il commençait la photographie, au début des années 2000, un professionnel installé dans la province l'avait prévenu : Si tu ne veux pas faire de mariage ou de photos de bébés, t'es mieux de déménager.