Dépistage accru et vaccination des pays pauvres pour lutter contre les variants
Radio-Canada
L’émergence du variant Omicron dans le monde sème l’inquiétude et relance le débat sur l’efficacité des mesures de contrôle aux frontières et sur l’équité vaccinale entre pays.
Dawn Bowdish, de la Faculté de médecine de l’Université McMaster en Ontario, pense qu’il y a lieu de s’inquiéter de ce nouveau variant. Nous avons vu à quel point l’arrivée du variant Delta a changé la pandémie, comparativement aux variants précédents , note-t-elle. Et nous savons qu’avec chaque mutation supplémentaire, nos vaccins deviennent légèrement moins efficaces.
Des pays d’Europe ont détecté des cas du variant Omicron. Le Canada n’en a encore recensé aucun, mais a tout de même interdit vendredi l’entrée au pays des ressortissants étrangers qui arrivent de sept pays africains.
Les voyages mettent en contact des gens d’un peu partout dans le monde, observe la professeure en santé publique Kelley Lee, de l’Université Simon Fraser, en Colombie-Britannique. Les gens voyagent, se croisent dans les aéroports, sur les plages, autour du monde. Nous ne pouvons affirmer que ce variant vient seulement du sud de l’Afrique.
Kelley Lee et Dawn Bowdish soulignent qu’au moment où un variant est identifié, il s’est déjà répandu. Elles croient qu’il peut très bien y avoir déjà des cas au Canada et qu’il serait déraisonnable de croire que le pays sera épargné.
La Dre Dawn Bowdish estime que les interdictions de voyage peuvent ralentir la transmission et que les vaccins seuls ne suffisent pas. La stratégie doit comporter d’autres mesures, à son avis, comme les tests de dépistage et le traçage adéquat, ainsi que la mise à jour des symptômes, qui peuvent évoluer d’une souche du virus à l’autre.
Le Canada a assoupli ses exigences en matière de tests de dépistage pour les voyageurs. La professeure Lee croit qu’il faut au contraire faire plus de dépistage au moment de l’entrée au Canada, et pas seulement pour ceux qui arrivent des pays du sud de l’Afrique. Si nous ne le faisons pas, la transmission communautaire du nouveau variant nous indiquera qu’il est présent au pays.
C’est ce que nous avons fait dans le passé, mais, à ce point, il sera trop tard pour maîtriser la propagation au Canada, conclut Kelley Lee.
Plusieurs experts rappellent que, pour prévenir l'apparition de variants inquiétants, il faut vacciner une proportion plus importante de la population mondiale.