Décès d’un patient trisomique : une mort qui aurait pu être évitée, croit la famille
Radio-Canada
Manon Lupien raconte l'histoire de son frère trisomique, décédé à 44 ans, pour éviter qu’elle ne se répète.
Le 4 janvier, son frère est transporté à l’urgence, à la suite de la recommandation d’une médecin venue faire son examen à domicile. Réjean ne parle pas. Il ne peut pas exprimer sa difficulté respiratoire, mais Manon Lupien le sait affaibli. Il était très essoufflé. Il avait de la misère à marcher du salon à la salle de bains, explique la proche aidante qui s’est toujours occupée de son frère.
À son arrivée à l’hôpital, Réjean est anxieux. Il ne comprend pas ce qui lui arrive. Bien qu’atteinte de la COVID elle aussi, Manon Lupien est appelée en renfort puisque son frère ne se laisse pas faire. Il avait besoin de 27 % d’oxygène. Ils lui mettent le masque. C’est sûr qu’il ne le gardera pas. C’est un corps étranger sur lui, raconte-t-elle. Elle demande une contention légère pour permettre les soins. Ce qui n’a pas été fait.
Après une radiographie, sans évaluation médicale du patient, selon Manon Lupien, une pneumonie et un diagnostic de COVID sont confirmés, et Réjean est retourné chez lui. Sans transport adapté parce qu’il est passé 23 h.
Il faisait -30 dehors. Sortir une personne atteinte de déficience intellectuelle, qui a de la misère à respirer, qui n’a pas de force…ça a été catastrophique de l’embarquer dans mon auto, à l’hôpital. Pas d’aide de personne, ajoute celle qui était également affaiblie par la COVID.
À la maison, l’état de Réjean se dégrade rapidement. Manon Lupien contacte l’inhalothérapeute du soutien à domicile. Elle lui fait un compte-rendu des signes vitaux de son frère. L’inhalothérapeute a parlé aux ambulanciers. C’était urgent, se remémore-t-elle.
Réjean est de retour à l’hôpital quelques heures après avoir obtenu son congé. Là, il a été pris en charge. Ils ont fait des investigations. Ils ont donné des antibiotiques intraveineux. Ils ont donné des traitements. Ils ont fait tout ce qu’il y avait à faire.
« Ils ont fait leur job le 5, mais pas le 4! »
Le décès de son frère n’est pas facile à accepter pour Manon Lupien. J’ai le doute dans mon cœur et dans ma tête. S’il l’avait gardé et qu’ils avaient investigué comme le [premier] médecin avait demandé, peut-être qu’il ne serait pas mort. Peut-être.