Crise des opiacés : une juge invalide le plan de faillite du laboratoire Purdue
Radio-Canada
Une juge américaine a invalidé jeudi le plan de faillite de Purdue, laboratoire accusé d'avoir contribué à la crise des opiacés aux États-Unis, car il prévoyait une certaine immunité pour ses propriétaires, la famille Sackler, en échange du versement de 4,5 milliards de dollars américains.
Dans sa décision, Colleen McMahon estime que le juge des faillites qui a entériné l'accord en septembre n'avait pas l'autorité pour empêcher d'éventuelles poursuites au civil contre les membres de la famille. Purdue a dans la foulée annoncé, dans un communiqué, son intention de faire appel de cette décision.
Le plan avait reçu le soutien d'une écrasante majorité des créanciers de la société ainsi que de plus de 40 États américains.
Mais plusieurs parties avaient décidé de faire appel, dont un représentant du département de la Justice et neuf États. L'accord, arguaient-elles, ne permettait pas aux victimes de se faire entendre et d'éventuellement porter plainte contre les Sackler.
Le secrétaire américain de la Justice Merrick Garland s'est félicité de la décision rendue jeudi, estimant dans un communiqué que le tribunal des faillites n'avait pas le droit de priver les victimes de la crise des opiacés du droit de poursuivre la famille Sackler.
C'est une immense victoire pour la justice et l'obligation de rendre des comptes, qui rouvrira la faillite profondément entachée de Purdue et forcera la famille Sackler à affronter la douleur et la dévastation qu'elle a causées, a aussi réagi le procureur de l'État du Connecticut, William Tong, qui avait fait appel.
La promotion agressive du médicament antidouleur OxyContin par Purdue, poussée par la famille Sackler qui le savait pourtant très addictif, est considérée par beaucoup comme le déclencheur de la crise des opiacés, à l'origine de plus de 500 000 morts par surdose en 20 ans aux États-Unis.
Purdue, les Sackler et l'OxyContin sont devenus les symboles des excès d'une industrie pharmaceutique prête à tout pour engranger des profits.
Le laboratoire Purdue s'était déclaré en cessation de paiement en septembre 2019, proposant un plan de faillite pour solder l'avalanche de litiges à son encontre et acceptant de plaider coupable.