COVID-19 : Une transmission hors de contrôle possible, selon deux experts
Radio-Canada
Les changements à la stratégie de lutte contre la pandémie annoncés jeudi par l'Ontario risquent d'entraîner une transmission incontrôlée du virus dans la province.
C’est ce qu’affirment le Dr Raywat Deonandan, épidémiologiste et professeur agrégé à l'Université d'Ottawa, et le Dr Colin Furness, épidémiologiste spécialiste du contrôle des infections et professeur agrégé à l'Université de Toronto.
Il me semble qu'on accepte que la transmission soit hors de contrôle au cours des prochaines semaines. Peut-être qu'il y a un espoir silencieux que la transmission non contrôlée pourrait entraîner une immunité suffisante dans la population sans trop de frais, a déclaré le Dr Deonandan.
Je pense que c'est une façon dangereuse de penser, si c'est effectivement ce qu'ils pensent.
Je me sens abandonné par la province. J'ai le sentiment que les enfants et les enseignants ont été abandonnés, a ajouté le Dr Furness. Nous nous attendons à une infection de masse au cours des prochains jours, et nous n'avons pas les soutiens sanitaires pour pouvoir y faire face.
La province a annoncé jeudi un changement majeur dans son approche aux tests de dépistage. De plus, les règles de quarantaine ont été modifiées. Le gouvernement a d’ailleurs retardé le retour à l’école de 48 h.
À partir de vendredi, les tests PCR financés par l'État ne seront disponibles que pour les personnes à haut risque. Les Ontariens qui n’ont plus le droit de recevoir un test de dépistage PCR et qui présentent des symptômes sont invités à supposer qu'elles ont contracté la COVID-19 et à se mettre en quarantaine à la maison.
Ce changement réduira considérablement l'importance du dénombrement quotidien des nouveaux cas comme mesure de la propagation de la maladie dans la communauté. Selon le Dr Furness, c’est un peu comme fermer les lumières dans la pièce. On n’y voit plus rien.
S'exprimant vendredi à l'émission Metro Morning de CBC Radio, le Dr Kieran Moore, médecin hygiéniste en chef de l'Ontario, a déclaré que la province devait consacrer les tests PCR aux personnes les plus à risque de maladie grave. Il a ajouté que la province surveillera de près d'autres paramètres, notamment les hospitalisations, la capacité des unités de soins intensifs, les décès et les éclosions dans les foyers de soins de longue durée afin de déterminer les prochaines étapes.