Coupes forestières prévues au cœur d’une aire protégée à Rouyn-Noranda
Radio-Canada
Plus de 180 riverains des lacs Opasatica et Évain à Rouyn-Noranda dénoncent une décision du ministère des Ressources naturelles et des Forêts de permettre des coupes forestières dans une aire pourtant protégée depuis 2008.
C’est un peu plus de 550 hectares de forêt qui doivent être coupés, selon les plans du ministère que nous avons pu consulter. Les coupes visent pratiquement tout le territoire situé entre les lacs Opasatica et Évain, soit exactement le secteur qui avait été protégé notamment parce qu’il s’agit d’une aire de confinement du cerf de Virginie.
J’ai passé plusieurs nuits sans dormir, nous dit une résidente du secteur, Sylvie Ippersiel, qui fait partie d’un groupe de citoyens qui s’étaient battus en 2008 afin d’éviter des coupes forestières dans ce secteur. C’est à ce moment que le secteur avait finalement été désigné comme aire protégée.
On était convaincus que c’était un dossier réglé. Ce n'était pas le cas, mentionne-t-elle, découragée de devoir recommencer cette bataille.
Les coupes projetées doivent aussi avoir lieu à proximité de la réserve de biodiversité Opasatica. Sur le site Internet du ministère de l’Environnement, on peut lire que la gestion de la réserve de biodiversité devrait être réalisée prioritairement de manière à protéger ses écosystèmes ainsi que les espèces présentes qui en dépendent, de sorte que les processus qui régissent leur vie se poursuivent. L’absence de toute forme de coupe forestière favorisera cette résilience.
« Ce que je trouve assez paradoxal, c’est qu’on parle au niveau gouvernemental de la protection des lacs, de la protection des zones humides, de la protection des marais. Je ne sais pas trop quelle catégorie de citoyens on est pour que, tout à coup, on décide de tout saccager. »
On n'est pas dans le ton du message qu’on veut véhiculer par rapport aux changements climatiques. On est complètement à côté de la plaque, ajoute M. Paré, qui a lui aussi participé aux négociations en 2008.
On était d’un côté de la table, les résidents de notre association, et face à nous, il y avait un représentant de l’entreprise et un représentant du ministère. Le ministère et l’entreprise contre les citoyens : on a vraiment encore cette impression. On n'a pas l’impression que le ministère agit pour les citoyens, on dirait qu’il agit pour les entreprises, affirme également Louis Paré.
On dénombre plus de 500 chalets et résidences aux abords du lac Opasatica. Daniel Mantha y habite depuis 1961. Comme le terrain est très vallonné, il craint que les coupes forestières menacent les lacs dans le secteur, d’autant plus que plusieurs riverains consomment encore l’eau du lac. Il estime que la qualité de l’eau s’est déjà dégradée au fil des ans.