
Congés annulés, horaires modifiés : le personnel de la santé de nouveau sursollicité
Radio-Canada
De plus en plus d’employés du réseau de la santé du Québec voient leurs conditions de travail suspendues par leur employeur pour pallier le manque de personnel qui fait craindre une multiplication des ruptures de services dans des hôpitaux ou des CHSLD.
Les centres intégrés de la santé et des services sociaux (CISSS ou CIUSSS) du Nord-de-l’Île-de-Montréal, du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal, de Laval, de la Montérégie-Est, de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec, de Chaudière-Appalaches et de la Côte-Nord ont notamment choisi cette voie.
Les gestionnaires du réseau plaident qu'ils sont contraints d’agir de la sorte en raison du grand nombre de patients admis dans les hôpitaux avec la COVID-19 et des plus de 11 500 employés du réseau absents parce qu’ils l’ont contractée ou qu'ils doivent s’isoler de manière préventive.
Les syndicats déplorent pour leur part que leurs membres soient de nouveau soumis à ce régime d’exception, alors qu’ils sont épuisés après 22 mois de pandémie, et préviennent que cela pourrait entraîner un nouvel exode des employés, comme cela s’est vérifié au début de la crise.
La suspension des conditions de travail des employés du réseau de la santé est rendue possible par l’arrêté ministériel 007, adopté par le gouvernement en mars 2020 et en vigueur depuis. Il permet entre autres d’annuler des vacances, de modifier des horaires et de déplacer des employés vers d’autres unités que la leur.
Certaines mesures de l'arrêté ministériel commenceront à se mettre en place dès cette semaine, dont du rehaussement de poste à temps complet, du délestage, et en dernier recours du report de vacances (sur une base volontaire dans un premier temps, non volontaire en risque imminent de bris de service), indique une porte-parole du CISSS de Laval, Judith Goudreau.
Ces mesures ne s'appliqueront pas à toutes les unités de travail, mais seulement à celles où le taux d'absentéisme lié à la COVID est élevé. Nous sommes désolés des impacts sur nos employés et leur famille, mais il s'agit là de mesures exceptionnelles qui nous permettront de passer au travers de cette période difficile, a-t-elle ajouté.
Les CISSS de Chaudière-Appalaches, du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal et de la Mauricie-et-du-Centre-du Québec ont envoyé des messages similaires à Radio-Canada, en insistant sur le fait que ces pouvoirs extraordinaires ne sont utilisés qu’en dernier recours ou en cas de bris de services.
« Face au besoin de main-d’œuvre urgent et immédiat, nous sommes contraints, depuis fin décembre, d’utiliser certaines mesures de l’arrêté ministériel pour assurer le maintien des soins et des services à la population. Seules les mesures jugées essentielles pour la situation qui prévaut sont déployées et nous y avons recours le moins longtemps possible. »
