Cannabis indésirable en la demeure!
Radio-Canada
En 2018, Marc Lalande et sa conjointe, Suzanne Ouellet, achètent pour 390 000 $ une grande maison à Saint-Colomban. En entreprenant des travaux peu de temps après l’achat, ils découvrent, sous une feuille de gypse, une série de trous circulaires qui aboutissent à l’entretoit.
En discutant avec les voisins, le couple apprend qu’en 2011, plus de 1700 plants de cannabis ont été saisis dans leur sous-sol. Le responsable de cette culture intensive a été arrêté lors de la perquisition et il a été condamné à 15 mois de prison.
À la suite de cette nouvelle angoissante, les propriétaires décident de faire évaluer leur propriété par un évaluateur agréé. Les conclusions de son rapport sont dévastatrices, puisque la perte de valeur causée par cette culture intensive se chiffre à 90 000 $.
« Non seulement on est pris avec une maison qu’on pourra peut-être difficilement revendre, mais tout de suite, on savait que notre investissement venait de fondre. Qu’on fasse des réfections ou pas, il y a des gens qui ne veulent pas toucher à ces maisons-là. »
Selon le président de l’Ordre des évaluateurs agréés du Québec, Pierre Goudreau, il est clair que, dans un tel contexte, les acheteurs potentiels vont tenter d’obtenir un rabais, surtout dans un marché en dépression.
En 2006, La facture racontait l’histoire d’un couple qui a vécu la même chose que les Lalande-Ouellet. Il était prisonnier d’une ancienne culture de cannabis qui s’était produite avant l’achat de la maison. Pour le dirigeant de l’Association des courtiers et agents immobiliers du Québec, Robert Nadeau, cette situation était inacceptable et il réclamait l’accès à un registre de toutes les maisons perquisitionnées.
« Si un tel registre existait, c’est sûr que pour un courtier ou un agent de bonne foi qui aurait accès au registre, il pourrait informer directement le public. »
À l’époque, le ministère de la Sécurité publique du Québec disait trouver la suggestion très intéressante. Dix-sept ans plus tard, malheureusement, on constate que le registre n’a jamais vu le jour et que le ministère a abandonné l’idée d’en créer un. Selon lui, ce n’est pas son rôle d’inventorier les perquisitions effectuées par les policiers et qu’un tel registre serait incomplet, puisqu’on n’y retrouverait pas les maisons où la culture du cannabis a eu lieu sans qu’elles soient perquisitionnées. Il a été impossible d’obtenir une entrevue avec l’actuel ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel.
De son côté, l’Organisme d’autoréglementation des courtiers immobiliers du Québec, l’OACIQ, qui encadre les courtiers, est aussi beaucoup plus réservé concernant l’existence d’un tel registre, comme nous l’indique sa porte-parole, Caroline Champagne.