Blocage aux frontières : le coût réel sera « très élevé » préviennent des économistes
Radio-Canada
Mises à pied temporaires dans le secteur automobile, retards de livraison, perte de denrées périssables : ces conséquences immédiates du blocage des artères aux frontières s’accompagneront aussi d’effets pernicieux à plus long terme pour le Canada, analysent des économistes et des représentants de l’industrie.
Je suis certain que les camionneurs n’ont pas pensé à la véritable portée de leur comportement, soulève le professeur Bill Anderson, directeur de l’Institut transfrontalier à l’Université de Windsor, en citant le renforcement du protectionnisme américain.
Ces derniers jours, les constructeurs automobiles des deux côtés de la frontière ont dû suspendre leur production et parfois renvoyer les travailleurs chez eux.
Ces entreprises vont essayer de se rattraper dans leurs productions, mais les conditions actuelles étaient déjà très limitées, explique M. Anderson. Avec le manque de puces semi-conductrices sur le marché, c’est arrivé au pire moment.
Difficile de chiffrer précisément les pertes encourues. Mais pour donner un ordre d'idée, la valeur des marchandises transitant chaque jour par le pont Ambassador qui relie Windsor à Détroit s'élève à quelque 400 millions de dollars.
Selon le syndicat Unifor qui représente les employés du secteur de l'automobile en Ontario, 800 travailleurs mis à pied de façon temporaire n'ont toujours pas réintégré leur emploi. Des milliers d'autres travailleurs du sud-ouest ontarien, dont le travail repose indirectement sur l'industrie automobile, subiraient encore les effets des blocages.
Les producteurs de denrées alimentaires, quant à eux, ont été contraints de jeter 30 % de leurs cargaisons de fruits et légumes frais, estime Michael Graydon, chef de la direction de Produits alimentaires, de santé et de consommation du Canada.
Notre chaîne d'approvisionnement était déjà affaiblie à cause de la COVID et de l'absentéisme croissant, constate-t-il. Nous ne disposons pas de stocks importants d'ingrédients et d'emballages sur lesquels nous pouvons compter.
En outre, les perturbations aux frontières inciteront les camionneurs à préférer des trajets domestiques, ce qui creusera davantage la pénurie de main-d'œuvre dans ce secteur, anticipe M. Graydon.