Au Soudan en plein chaos, des suspects de crimes contre l’humanité en fuite
Radio-Canada
Un ancien responsable de la dictature au Soudan recherché pour crimes contre l'humanité a annoncé s'être évadé de prison en compagnie d'autres ex-collaborateurs dans ce pays en plein chaos, faisant craindre un nouvel embrasement au moment où un cessez-le-feu conclu sous l'égide des États-Unis reste fragile.
Mercredi, les affrontements ont continué à Khartoum, où des avions de chasse de l'armée ont survolé la banlieue nord de la capitale, essuyant les tirs à l'artillerie lourde des paramilitaires, ont rapporté des témoins à l'AFP.
Les combats meurtriers opposent depuis 12 jours les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo à l'armée régulière du général Abdel Fattah al-Burhane. Auteurs du coup d'État fin 2021, les deux généraux se livrent désormais une guerre sans merci pour le pouvoir.
Profitant d'une situation chaotique, un personnage important du régime de l'ex-dictateur Omar el-Béchir, Ahmed Haroun, s'est évadé de la prison de Kober, dans la capitale Khartoum, avec d'autres hauts responsables de la dictature.
« Nous sommes restés en détention à Kober pendant neuf jours [...] et nous avons désormais la responsabilité de notre protection. »
L'armée soudanaise a affirmé mercredi que Béchir, au pouvoir pendant 30 ans, était toujours dans un hôpital sous la garde de la police judiciaire. Il est recherché par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité au Darfour, dans l'ouest du Soudan, comme M. Haroun.
De son côté, le bureau du procureur de la CPI a indiqué qu'il suivait de près les événements, observant que les informations sur les personnes incarcérées à Kober n'avaient pas été confirmées de manière indépendante.
Un conflit avait éclaté au Darfour en 2003 entre Khartoum et des membres de minorités ethniques non arabes. Il a fait quelque 300 000 morts et 2,5 millions de déplacés, selon l'ONU. Les forces des FSR regroupent des milliers d'anciens miliciens arabes recrutés par Béchir et soupçonnés d'exactions au Darfour.
Depuis le début des combats au Soudan le 15 avril entre paramilitaires et armée régulière, plus de 459 personnes ont été tuées et plus de 4000 blessées selon l'ONU.