Au Nicaragua, comme en Russie, l’étau se resserre sur les opposants
Radio-Canada
Après avoir remporté les élections du 7 novembre dans la controverse, Daniel Ortega continue de sévir contre ceux qui le critiquent. Procès sommaires des prisonniers politiques, fermeture des universités, poursuites contre les journalistes et les défenseurs des droits de la personne : les mesures répressives se poursuivent.
En février ont commencé les procès contre 46 opposants au régime, emprisonnés depuis des mois. Jusqu’à maintenant, une trentaine de personnes ont été jugées derrière des portes closes et condamnées à des peines de prison allant de 8 à 13 ans. Une situation dénoncée par plusieurs organismes, dont le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme. Dans son rapport rendu public le lundi 7 mars, Michelle Bachelet, la haute-commissaire, déplore les conditions de détention ainsi que le manque de garanties juridiques accordées aux accusés.
« Des mesures urgentes doivent être prises pour assurer la libération rapide et garantir l'intégrité physique et mentale des personnes détenues arbitrairement. »
Il y a des preuves de torture des détenus, qui sont privés de nourriture et de soins médicaux, raconte Kai Thaler, professeur adjoint au Département d’études mondiales de l’Université de la Californie à Santa Barbara, spécialiste du Nicaragua.
Le sandiniste Hugo Torres, ancien compagnon d’armes du président Ortega, âgé de 73 ans, est d’ailleurs mort en détention le 12 février. Le parti d’opposition au sein duquel il militait, Unamos, avait dénoncé en janvier la détérioration de son état de santé, après huit mois d'emprisonnement.
Les procès se déroulent en prison, à huis clos. Les avocats de la défense n’ont pas accès aux dossiers et ne peuvent parler à leurs clients que quelques minutes avant le début des procédures.
D'après ce que racontent des avocats, des journalistes et des proches des détenus, ces derniers ont été jugés sans aucun préavis. Ils ont été emmenés dans une pièce où il y avait un juge et un procureur et on leur a dit : "Vous allez être jugés", précise M. Thaler.
On les accuse de trahison et de crimes contre l’État en vertu de nouvelles lois antiterroristes et contre la cybercriminalité, adoptées après les manifestations de 2018, violemment réprimées.
« Ce sont des accusations sans preuve réelles. C'est vraiment juste un processus judiciaire farfelu pour poursuivre les gens qui défient le gouvernement et qui ont eu l'audace de s'y opposer. »