Arsenic de la Fonderie Horne : le « rendez-vous manqué » de 2004
Radio-Canada
La Fonderie Horne est passée proche de devoir respecter un plafond d'émission d'arsenic semblable au reste du Québec, mais l'ancien gouvernement libéral de Jean Charest a reculé face aux arguments de l'entreprise. C'est ce que dévoilent des comptes-rendus de rencontres entre la compagnie et des fonctionnaires, obtenus par Radio-Canada.
Les documents montrent que, dès 2004, un comité formé du ministère de l'Environnement et de la santé publique voulait imposer à la fonderie un plafond de 10 nanogrammes d'arsenic par mètre cube (ng/m³) dans l'air, à partir de mai 2006, et contraindre la compagnie a présenter un plan et un échéancier pour atteindre 3 ng/m³, soit la norme valable dans le reste de la province.
« La compagnie nous présentera le rapport final des solutions proposées pour respecter les objectifs de 10 ng/m3 et de 3 ng/m3. »
Mais les négociations ont échoué. La compagnie s'en est plutôt tirée avec le droit d'émettre 200 ng/m³, après 2007. La mesure est prise à la station légale d'échantillonnage, dans le quartier Notre-Dame, proche de la fonderie.
Depuis 2021, l'usine doit émettre un maximum de 100 ng/m³, soit 33 fois la norme québécoise. Des négociations sont en cours pour lui imposer un plafond beaucoup plus sévère, mais le gouvernement Legault refuse de se prononcer avant la fin de l'été.
Les comptes-rendus de rencontres, en partie caviardés en raison du secret industriel, lèvent le voile sur la position de l'entreprise, à l'époque.
Le 23 janvier 2006, la Fonderie Horne annonce que, « pour réduire la concentration d'air ambiant à la station la plus proche à 39 ng/m³, il en coûterait 120 millions de dollars ». Un tel niveau d'émission est deux fois moins élevé que le niveau d'arsenic rejeté par la fonderie, l'an dernier (87 ng/m³).
Ce n'est qu'en 2020 que la Fonderie Horne a lancé un investissement de 180 millions de dollars pour réduire ses émissions d'arsenic jusqu'à 40 %, d'ici 2026, soit environ 50 ng/m³.
En janvier 2006, l'entreprise (à l'époque Falconbridge) explique que la vieillesse de ses installations datant de 1927 « cause des difficultés pour accueillir et rendre fonctionnels de nouveaux équipements de captation des gaz, car les toits sont bas et il manque d'espace ».