Arielle Kayaba, la réfugiée qui est devenue députée
Radio-Canada
Elle finit de faire ses boîtes, débranche son imprimante et retire son nom de sur la porte. Après avoir remporté son élection en septembre dernier, Arielle Kayabaga quitte son bureau du conseil municipal de London… pour bientôt s’installer au parlement d’Ottawa.
Je suis habituée au changement, lance la nouvelle députée libérale dans un français impeccable. Lorsque nous la rencontrons en octobre, son ancien bureau de conseillère municipale est déjà presque vide. Il ne reste plus qu’à ramasser les derniers effets personnels : photos de famille, objets décoratifs et une carte du centre-ville de London que les élus du quartier se passent depuis des années.
C’est beaucoup de choses à s’ajuster. Pendant que tu essaies de digérer que tu as gagné, tu as mille et une choses à faire, donc ça passe trop vite, explique-t-elle deux mois après son élection.
Quand elle a été élue au conseil municipal de London en 2018, Arielle Kayabaga a brisé un plafond de verre : elle est devenue la première élue noire de cette ville de quelque 400 000 habitants.
« Ma vie est politisée même depuis ma naissance [...] Tout ce qui se passe autour de moi me pousse vers la politique. »
Le parcours d’Arielle Kayabaga se distingue de celui de beaucoup de politiciens, autant ses anciens collègues du conseil municipal que ses futurs collègues des Communes.
Burundaise d’origine, elle a fui son pays en guerre alors qu’elle n’avait que 11 ans. Sa famille s’est d’abord installée à Montréal, avant de s’établir à London, en Ontario, où Arielle a passé la majeure partie de sa vie. La trentenaire y élève aussi son fils, Noah, âgé de 12 ans. Francophone et mère de famille monoparentale, Arielle Kayabaga est d’avis qu’elle apportera une perspective différente aux débats à Ottawa.
C’est beaucoup de pression parce que je ne suis qu’une seule personne. Je ne suis pas toute la communauté noire, je ne suis pas toute la communauté des femmes, je ne suis pas toute la communauté des réfugiés, mais je peux quand même apporter mon expérience vécue pour apporter des politiques, explique-t-elle.
Dans le bureau de circonscription d’Arielle Kayabaga, les proches de la députée continuent de se réjouir de sa victoire. Alec Mazurek, un bénévole libéral, dit s’être senti inspiré par le profil d’Arielle, tout comme par son jeune âge et son éthique de travail.