
Après la trêve, le statu quo en Ontario
Radio-Canada
ANALYSE - Après la campagne de 2019, où Justin Trudeau l’avait attaqué sans cesse, Doug Ford avait haussé les épaules. « C’est juste de la politique », avait-il dit. Du jour au lendemain, la hache de guerre était enterrée. Une relation à première vue improbable débutait.
Deux ans et un scrutin fédéral plus tard, les Ontariens ont choisi le statu quo, à quelques circonscriptions près. Justin Trudeau a sauvé les meubles dans la couronne de Toronto, le 905, la même région qui a aidé à porter Doug Ford au pouvoir, d’ailleurs.
La différence, c’est qu’un cessez-le-feu avait été conclu, selon le Globe and Mail et le Toronto Star. Le conservateur ontarien Doug Ford, qui est plus populaire qu’en 2019 et qui fera lui-même face à l'électorat en 2022, a interdit à ses ministres de faire campagne pour le Parti conservateur du Canada, en plus de prolonger la pause estivale à Queen’s Park, afin de se faire discret. Contrairement à d’autres premiers ministres provinciaux de droite, il n’a pas appuyé Erin O’Toole. Un désaveu à peine voilé.
En échange, Justin Trudeau a fait comme si Doug Ford n’existait pas et a tourné ses canons vers Jason Kenney, le premier ministre albertain. Si la stratégie était de ne pas nuire l'un à l'autre, elle a porté fruit. D’autres facteurs importants, avec en tête la montée du Parti populaire, peuvent expliquer les résultat en Ontario, surtout dans des circonscriptions où les libéraux l'ont emporté de peu. Reste que l’un a été réélu et que l’autre pourrait en tirer profit.
Dans les heures précédant le déclenchement de l’élection, en août, l’Ontario négociait dur avec Ottawa; la province est passée près d’emboîter le pas aux huit provinces qui ont signé une entente sur le programme national de garderies. Avec la victoire libérale, les négociations peuvent désormais reprendre.
L’argent d’Ottawa ferait l’affaire de Doug Ford. Après sa victoire de 2018, il avait tué dans l'œuf le programme de garderies que proposait sa rivale Kathleen Wynne. S’il conclut une entente avec Justin Trudeau, Doug Ford pourra s’en attribuer le mérite lors de la campagne provinciale de 2022, sans devoir payer toute la facture.
Doug Ford pourra dire aux électeurs: les garderies, c’est réglé, l’élection peut porter sur autre chose, explique la politologue Geneviève Tellier, professeure à l'Université d'Ottawa. Ça coupe l’herbe sous le pied du NPD et des libéraux, parce qu’ils n’auront plus une proposition forte qui les différencie de M. Ford.
