Après la rébellion avortée, que se passera-t-il en Russie?
Radio-Canada
C'est toujours la stupeur moins de 24 heures après la rébellion avortée du groupe paramilitaire Wagner, en Russie, dont les forces sont parvenues à moins de 200 kilomètres de la capitale, Moscou, au terme d'une cavalcade aussi brève qu'intense. À la suite d'un étrange retour au calme, plusieurs journalistes spécialisés s'entendent sur une chose : le pouvoir du président russe Vladimir Poutine n'a jamais été autant fragilisé.
Le Kremlin sort très affaibli de cette affaire, a ainsi affirmé Sylvain Tronchet, correspondant de Radio France à Moscou, en entrevue sur ICI RDI, puis sur les ondes d'ICI Première.
Dans une ville qu'il a qualifiée de cotonneuse, où les habitants, samedi, semblaient attendre les colonnes blindées de Wagner un verre à la main, le journaliste a précisé qu'il ne faut pas se fier aux théories du complot disant que tout cela a été téléguidé par le Kremlin.
Vladimir Poutine a montré qu'il n'était pas maître de la situation hier, a-t-il ajouté.
« On sait que cette affaire d'hier va avoir des conséquences. Elle n'est pas terminée, d'une façon ou d'une autre, même si la catharsis semble passée. Tout le monde attend de voir ce qui va se passer. »
Qu'est-ce qui a motivé cette volte-face de Wagner et de son chef, Evgueni Prigojine, alors que celui-ci s'était dit prêt à « mourir » pour marcher sur Moscou avec ce qu'il disait être « 25 000 » hommes?
Peut-être que, d'une part, on lui a dit, par l'intermédiaire d'Alexandre Loukachenko, le président du Bélarus : "Arrête, tu vas te faire zigouiller, tu vas te faire écraser [...], les forces au sud de Moscou ne sont pas avec toi, tu ne pourras pas les retourner", a ainsi conjecturé le chroniqueur François Brousseau à L'Édition du dimanche, sur ICI Première.
Au dire de M. Brousseau, le fait également d'avoir conclu un accord qui prévoit non seulement le départ de M. Prigojine pour le Bélarus mais aussi l'absence de poursuites pénales contre les membres de Wagner qui ont participé à la rébellion est un aveu de faiblesse de la part du président Poutine.
Celui-ci a peut-être compris qu'il ne pouvait pas écraser cette rébellion, avec la possibilité de défections aux échelons inférieurs [du pouvoir], peut-être jusque dans la population, a ajouté M. Brousseau.