Alanis Morissette et Garbage : le cri commun d’une génération
Radio-Canada
Qu’est-ce qui explique qu’une chanson devienne un succès impérissable? Pourquoi un disque est-il élevé au rang de classique? Pour quelle raison une artiste perdure? On pourrait tenter de trouver des tas de réponses, mais la plus évidente est : le temps.
L’implacable sablier, plus que tout, cimente la pérennité d’une œuvre, d’un album et de ses créateurs. C’est évidemment le genre de chose qui ne vient jamais à l’esprit quand on entend ou qu’on voit quelqu’un sur scène pour la première fois.
On peut être renversé, séduit ou charmé, mais on vit l’instant fraîchement présent sans a priori, et surtout, sans penser à la suite. Et puis, plus d’un quart de siècle plus tard, on réalise que l’on revoit les artistes en question dans ce qui semble être une tournée nostalgique.
À en juger par la tranche d’âge présente au Centre Bell, des milliers de spectateurs se retrouvaient dans cette situation, mardi, lors du passage commun d’Alanis Morissette et de Garbage qui, tous deux, célébraient un 25e anniversaire.
Pour la Canadienne, c’était l’occasion de souffler avec un peu de retard – pandémie oblige – sur les 25 bougies de son disque phare, Jagged Little Pill, paru en 1995 et écoulé à plus de 33 millions d’exemplaires. Pour le groupe américain formé au Wisconsin, l’année 1995 est celle de leur premier disque (Garbage) qui les a fait connaître par l’entremise de trois chansons à succès.
Ensemble gris-noir qui reflétait la lumière, pantalon vert, bottes jaunes et – toujours – chevelure de feu, Shirley Manson a annoncé la couleur au sens propre et au sens figuré dès que Garbage est monté sur les planches pour interpréter Vow. Le son a été passablement approximatif pendant deux ou trois chansons, mais dès que les premières mesures de Stupid Girl ont été entendues, la foule s’est mise de la partie.
Nous sommes Garbage et nous sommes très heureux de venir pour Alanis , a dit Manson à la foule, s’excusant de la piètre qualité de son français. I want to be Québécois , a-t-elle lancé, avant d’expliquer en anglais : « Je suis tellement francophile, mais je n’ai pas été assez attentive en classe quand j’étais jeune. J’ai grandi en Écosse dans les années 1970. »
Depuis que j’ai vu Manson avec Garbage au Spectrum en 1996, cette artiste m’a toujours séduit par son charme, sa fougue, son engagement, voire, sa hargne. Et tout était encore au rendez-vous cette fois.
« La prochaine chanson a été la première lancée en extrait au Canada en 1995. C’était une chanson qui nous représentait et qui représentait ce qu’on voulait faire. Il y avait ceux contre nous et ceux qui étaient avec nous. Pour les premiers, on leur a dit f… – en montrant deux majeurs pointés vers le ciel. Pour les autres, voici Queer ».