Agrandissement du dépotoir à Champlain : « On a besoin d’un plan B »
Radio-Canada
À une semaine de la visite du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) à Champlain, Énercycle a confiance d'obtenir l'aval de la population pour déployer son projet d'agrandissement majeur du site d'enfouissement, qui permettrait de faire passer la capacité annuelle de 150 à 250 000 tonnes métriques de déchets pour les vingt prochaines années.
On a besoin d'un plan B, tranche Stéphane Comtois, directeur général d'Énercycle. Concrètement, dit-il, le besoin est de garder un site dont les installations sont à la fine pointe de ce qui est demandé par le ministère de l'Environnement; un site complémentaire à celui de Saint-Étienne-des-Grès.
Si l'agrandissement va de l'avant, le dépotoir, qui est géré par l'entreprise Matrec, devra répondre à des besoins d'enfouissement grandissants, qui outrepassent le territoire régional de la Mauricie. Ça va devenir un site spécialisé pour les résidus ultimes de centres de tri de matériaux secs, et la provenance va venir d'un peu partout à travers la province, détaille Stéphane Comtois.
C'est un mal nécessaire pour la Régie de gestion des matières résiduelles. Champlain avait un passif environnemental important des années 2008 à 2010, et ce n'est pas encore fini de payer. Donc, si on veut conserver le contrôle des dépenses reliées à Énercycle en général pour toutes nos autres activités, le bac brun, le recyclage et naturellement les matières résiduelles, eh bien c'est important pour nous que ça demeure ouvert, explique Stéphane Comtois.
Le directeur général estime que le projet a peu d'effets néfastes, même s'il convient que le déboisement n'est pas négligeable. Le projet raserait une plus grande superficie de milieux humides et de boisés que prévu initialement. Si le projet obtient le feu vert, près de 26 hectares de forêts devront être abattus. Ça paraît très, très gros, concède Stéphane Comtois. Mais quand on marche sur le site actuel, ce n'est pas si gros que ça ce qu'on va déboiser. Sachant que des espèces migratoires y font leur nid, le directeur d'Énercycle assure que le déboisement se ferait hors des périodes de nidification.
La séance d'information publique est prévue pour le lundi 13 mars prochain, à 19 h 30, au Centre du Tricentenaire à Champlain. Entre-temps, la documentation est offerte en ligne sur le site du BAPE ainsi qu'au bureau municipal.
Le projet d'agrandissement du site d'enfouissement de Champlain a franchi une autre étape à la mi-février. L'étude d'impact fournie par l'opérateur Matrec a été jugée recevable par le ministère de l'Environnement. Conformément à la loi, le ministre Benoit Charette a demandé au BAPE la tenue d'une période d'information publique jusqu'au 31 mars prochain. Durant cette période, les citoyens peuvent formuler une demande de consultation publique au ministre de l'Environnement, qui décidera si oui ou non un tel processus sera nécessaire.
Si aucune demande n'est formulée, le rôle du BAPE prendra fin. Si toutefois une demande est faite et qu'elle n'est pas frivole, précise la conseillère en communication du BAPE Josiane Ouellet, le ministre va demander à l'organisme de recommander un type de mandat qui devrait lui être confié. Il peut s'agir d'une audience publique concernant la mise sur pied d'une commission d'enquête. Le mandat peut aussi prendre la forme d'une consultation ciblée lorsque les enjeux soulevés dans la demande relèvent d'un nombre restreint de préoccupations. Enfin, une médiation peut aussi être privilégiée lorsque la justification du projet n'est pas remise en cause.
Au terme de son mandat, le BAPE fera rapport pour éclairer la prise de décision gouvernementale. Des recommandations seront faites au conseil des ministres qui devra trancher la question.