
400 universitaires s’opposent à une aide fédérale au stockage du carbone
Radio-Canada
Dans une lettre, des centaines de scientifiques et membres d’universités canadiennes demandent au gouvernement fédéral d’abandonner l’idée d’un crédit d’impôt pour les projets de capture, d’utilisation et de stockage du carbone (CUSC).
Ce crédit d’impôt, demandé avec insistance par l’industrie pétrolière et gazière et par le gouvernement albertain, était une proposition du budget déposé en 2021. Après une période de consultations, Ottawa entend mettre en place le crédit d'impôt cette année.
Les quelque 400 signataires de la lettre le considèrent cependant comme une subvention importante pour les combustibles fossiles, alors que le gouvernement fédéral s’est engagé à mettre fin à de telles subventions.
Malgré des décennies de recherche, le CUSC n'est ni économiquement viable ni éprouvé à grande échelle, avec un bilan peu reluisant et un potentiel limité de réduction significative et rentable des émissions, écrivent-ils dans cette lettre adressée à la ministre des Finances, Chrystia Freeland, et aux ministres des Ressources naturelles, Jonathan Wilkinson, et de l’Environnement, Steven Guilbeault.
Les signataires s’inquiètent du coût de ces technologies, évaluées à plusieurs millions de dollars, qui siphonnera, selon eux, le budget fédéral pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre. D’autres solutions comme l’électrification et les énergies renouvelables sont plus prometteuses, écrivent-ils.
Avec le prix des énergies renouvelables qui a chuté, nous ne sommes plus dans la même dynamique. Ce qui pouvait paraître comme une idée raisonnable il y a une dizaine d’années ne l’est plus aujourd’hui, explique Justin Leroux, un des signataires et professeur titulaire en économie appliquée à HEC Montréal.
Il souligne que de nombreux rapports internationaux dont celui du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) incitent les pays à ne plus investir dans des infrastructures incitant à la production de pétrole.
Or, dans leur lettre, les 400 universitaires font également valoir que le fait d’aider les pétrolières à injecter du carbone dans le sol incitera ces entreprises à augmenter leur production.
En outre, la séquestration du carbone dans l'industrie pétrolière ne touche que les émissions issues de la production des combustibles fossiles. Elle ne réduit pas celles qui sont liées à la consommation qui constituent 80 % des émissions du pétrole et du gaz, poursuivent-ils dans cette lettre.
