Élections municipales : recul du français à Ottawa?
Radio-Canada
La période d’inscription des candidats aux élections municipales étant terminée depuis le 19 août dernier, des questions se posent maintenant sur le bilinguisme des candidats à la mairie d’Ottawa. Plusieurs acteurs de la communauté francophone s’inquiètent du petit nombre de candidats francophones, et à plus forte raison, du peu de candidats bilingues sur les lignes de départ. Tour d’horizon.
Madeleine Meilleur, ancienne députée et ministre à l’Assemblée législative de l’Ontario qui a consacré sa vie politique à la défense des francophones de la province, est troublée du fait que les francophones semblent délaisser la politique municipale.
Il y a pas foule de francophones qui se présentent, alors oui ça m’inquiète, lance d’entrée de jeu l’ancienne politicienne. Où est-ce qu’on a manqué, nous les francophones? Est-ce qu’on a été assez actifs pour encourager des jeunes gens à se présenter?
Pour elle, la communauté francophone a besoin de ces appuis pour continuer de rayonner. On doit être très vigilant pour s'assurer que les services en français sont pris en considération sérieusement, et que les francophones ne paient pas la note parce qu’on n’a pas un premier ministre ou un maire francophone, poursuit-elle.
Jim Watson, Mathieu Fleury et Jean Cloutier, tous trois francophones ou francophiles, ont décidé de ne pas se représenter aux prochaines élections. Une situation jugée préoccupante par l’Association des communautés francophones d’Ottawa (ACFO). Sachant qu’on est une capitale nationale, c’est inquiétant. Le problème va au-delà de ça. [...] Nous avons besoin d’une relève francophone. [Il] faut penser à comment encourager plus de jeunes à s’engager en politique, avance pour sa part Soukaina Boutiyeb, présidente de l’ACFO.
C’est important de parler les deux langues officielles, mais au-delà de les parler, c’est important d’être au courant et conscient de l’importance de la francophonie à Ottawa, et de vraiment s’assurer qu’on représente la minorité linguistique et la majorité équitablement.
Veut, veut pas, après 12 ans d’expérience, je suis devenu le porte-étendard des enjeux francophones, lance Mathieu Fleury, conseiller municipal de Rideau–Vanier.
Il se rappelle son année 2017, année au cours de laquelle il s’est battu pour que la Ville d’Ottawa soit officiellement désignée comme bilingue. Lui et quelques conseillers sensibles aux intérêts des francophones n’avaient pas assez d’appuis au sein du conseil municipal pour inscrire ce statut à la charte de la ville, si bien qu’ils ont dû passer par le gouvernement provincial pour se faire entendre.
Selon lui, la communauté francophone doit s’éveiller. Souvent, on est insouciants. On a beaucoup de francophonie dans nos conseils scolaires, dans nos hôpitaux, dans nos organismes francophones. Par contre, on ne retrouve pas beaucoup de francophones qui s’affichent [comme tel] dans les conseils d’administration au niveau des centres de ressources, des associations communautaires de quartier. [...] C’est là où le pouvoir municipal se développe, renchérit le conseiller du quartier Rideau-Vanier.