
«Godasse - Le vrai visage d'un tueur des Hells»: l'histoire captivante du tueur devenu délateur qui a fait condamner Maurice «Mom» Boucher
Le Journal de Montréal
La nuit où Stéphane «Godasse» Gagné est devenu l’un des plus célèbres délateurs de l'histoire du Québec est racontée avec force détails dans le fascinant livre Godasse - Le vrai visage d'un tueur des Hells.
Les journalistes du Bureau d’enquête Jean-Louis Fortin et Éric Thibault ont épluché une quantité impressionnante de documents et écouté des heures et des heures de vidéos, des mois durant, pour nous livrer un récit aussi véridique que captivant. On vit le tout de l’intérieur, comme si on se trouvait dans la salle d’interrogatoire où Godasse a fini par retourner sa veste.
Appuyé par l’expert des bandes de motards criminalisés de la Sûreté du Québec Guy Ouellette, Fortin et Thibault ont également eu accès aux comptes-rendus des deux procès du chef des Hells Angels, Maurice «Mom» Boucher, le commanditaire des meurtres des gardiens de prison Diane Lavigne et Pierre Rondeau, survenus en 1997.
De la matière, les auteurs n’en manquaient donc pas pour relater comment les policiers, au premier chef l'enquêteur Robert Pigeon, s’y sont pris pour que Godasse trahisse celui qu’il considérait comme son deuxième père. Ce fut un long rodéo pour lui, car il aura fallu cinq ans pour envoyer Boucher derrière les barreaux.
«On n’a pas eu à créer de dialogues, car on pouvait utiliser les conversations qui se sont passées en salle d’interrogatoire. C’est une histoire que l’on pense connaître, mais que l’on ne connaît pas vraiment. Même moi, qui ai couvert du début à la fin la guerre des motards, j’ai appris une foule de choses en consultant ces documents», a dit Éric Thibault en entrevue avec l’Agence QMI.
On a même accès à la psychologie de Godasse pour comprendre son cheminement, lui qui est passé du statut de trafiquant à tueur pour les Hells Angels. Alors qu'il était sur le point d'obtenir ses patchs, tout s'est effondré pour lui quand les autorités l'ont épinglé.
«Le défi était de choisir ce qui était le plus pertinent et intéressant pour ne pas noyer le lecteur dans un monticule de faits», a indiqué Jean-Louis-Fortin, qui est le chef du Bureau d’enquête.
L’autre pari, réussi il faut le dire, était de captiver le lecteur dans les pages consacrées aux procédures judiciaires contre Boucher autant que dans la première partie du livre de 448 pages, consacrée à l’enquête. Le second procès du chef des Hells, dans lequel croisent le fer la procureure de la Couronne, France Charbonneau, et le criminaliste Jacques Larochelle, avocat de Mom Boucher, nous tient en haleine.
Ceux qui ont aimé à raison l’excellente minisérie de Luc Dionne, «L’appel», qui met en scène les mêmes protagonistes que le livre, ne seront pas déçus, l’ouvrage relatant plus en détail encore ce pan important de la guerre des motards.
