« Si Mémorial disparaît, c’est le signal d’un retour à l’ère soviétique »
Radio-Canada
La Cour suprême de Russie décidera mardi de dissoudre ou non l’organisme Mémorial, la plus vieille Organisation non gouvernementaleONG de Russie à se consacrer aux droits de la personne et à documenter les crimes de l’époque stalinienne.
Il y a un sentiment d’urgence dans les bureaux de Mémorial à Moscou. Des classes d’écoliers visitent le musée avant qu’il ne soit trop tard. Des équipes de tournage sonnent à la porte toutes les demi-heures pour filmer ce qui pourrait être la fin d’une époque en Russie.
Nous avons rendez-vous avec son directeur général, Alexandre Tcherkassov, qui, étonnamment, respire le calme en dépit des circonstances.
Notre équipe a souvent eu recours aux lumières de Mémorial pour des entrevues et des reportages d’actualité, que ce soit sur la persécution en Tchétchénie, sur la répression des Tatars de Crimée ou sur la détention d’opposants au gouvernement de Vladimir Poutine.
Mémorial est un de ces piliers incontournables pour la défense des droits de la personne au pays. C'est non seulement un emblème de la société civile mais surtout un symbole de sa mémoire collective puisque Mémorial se dévoue depuis plus de 30 ans à l’étude approfondie des atrocités du régime de Joseph Staline.
« Mémorial s’est organisée comme association d’abord et avant tout pour construire un centre de documentation, d’archives, où il fallait amasser toute l’information possible sur l’histoire de la terreur soviétique. »
Mémorial a été fondée en 1987 par un groupe de dissidents soviétiques, dont le Prix Nobel de la paix Andreï Sakharov. Il fut même une époque, dans les années 1990, où elle travaillait main dans la main avec l’État.
Ses recherches étoffées auront donné un visage, un nom et un récit à des millions de persécutés et de disparus durant le régime de terreur de Joseph Staline. Mémorial possède entre autres la plus grande collection au monde d’objets du Goulag.
On y trouve entre autres des uniformes et des objets d’artisanat ainsi que des photos et de minuscules lettres clandestines retrouvées dans des boutonnières d'uniformes de prisonniers.