« On est en train de voir naître un Downtown Eastside à Montréal »
Radio-Canada
Les intervenants auprès des toxicomanes de Montréal s'inquiètent de la tournure que prend le centre-ville, dans une spirale de pauvreté, d'itinérance, de drogue et de criminalité, comme le quartier Downtown Eastside, de Vancouver. La députée Manon Massé a écrit une lettre au gouvernement Legault, jeudi, pour l'appeler à l'aide d'urgence.
Montréal traverse une crise qui ne cesse de prendre de l’ampleur, une crise humanitaire sans précédent, écrit la députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques, dans sa lettre (Nouvelle fenêtre) adressée au ministre responsable de la Métropole, Pierre Fitzgibbon.
Manon Massé a décidé de prendre la plume après avoir lu le reportage de Radio-Canada sur le désarroi des résidents voisins de « l'allée du crack » et la détresse des itinérants toxicomanes qui trouvent refuge dans les immeubles à condos du Quartier des spectacles pour s'y droguer, dormir ou faire leurs besoins, parce que les organismes communautaires ne suffisent pas à la demande.
« Nous vivons les conséquences d’une catastrophe annoncée lorsque la crise du logement rencontre la crise des surdoses et que nos services de première ligne institutionnels et communautaires, en santé mentale et physique, sont portés à bout de bras par des équipes réduites, sous-financées et épuisées. »
La circonscription de la députée inclut notamment les alentours du métro Berri-UQAM (comme la place Émilie-Gamelin), les métros Papineau et Beaudry (le quartier du Village) et la rue Berger, proche du métro Saint-Laurent, où se situe le centre d'injection supervisé CACTUS. Il s'agit de secteurs en proie à de grandes tensions ces derniers temps.
Le sentiment d'insécurité est énorme, explique la députée, en entrevue avec Radio-Canada. Ce que confirme le directeur général de CACTUS, Jean-François Mary : Il y a plus de dureté dans la rue, avec beaucoup de gens nouveaux, c’est beaucoup plus agressif, les gens n’ont pas d’espace.
Comme dans toutes les grandes villes d'Amérique du Nord, Montréal fait face à une flambée de l'itinérance, rappelle Jean-François Mary. Mais il n'y a pas que ça.
Il se passe actuellement quelque chose avec la crise du logement, la crise des surdoses et la crise de santé mentale, c'est un cocktail dangereux, renchérit Manon Massé.
« Ma crainte, c'est que le centre-ville de Montréal devienne un Downtown Eastside. »