
« J’ai été livré à moi-même » - Ballou Jean-Yves Tabla
Radio-Canada
On lui promettait un brillant avenir, certains des plus grands clubs de soccer le courtisaient. On l’a par la suite traité de « flop », d’échec. On a dit qu’il manquait de professionnalisme, d’éthique de travail. Mais contre vents et marées, Ballou Jean-Yves Tabla n’a jamais abandonné son rêve.
Le contraste est frappant. On a connu à Montréal un Ballou peu bavard, un adolescent qui pouvait parfois sembler à la limite de l’arrogance. À 23 ans, c’est plutôt un homme souriant, calme, mature, voire métamorphosé, qui a accepté de se confier à Radio-Canada Sports.
Ballou Tabla n’avait que 17 ans quand il a commencé à s’entraîner avec l’Impact de Montréal et s’est retrouvé sous les feux de la rampe. On parlait de lui comme du joyau du soccer canadien, au même titre qu’Alphonso Davies. Et puis ces rumeurs de transfert vers l’Europe ont commencé à s'intensifier, jusqu’à son départ vers le FC Barcelone B. Le Québécois a alors été emporté par un véritable ouragan.
Je ne m'attendais pas à ce que ça fasse autant de bruit. Je ne m’attendais pas à toutes ces attentes, reconnaît-il.
Ça s’est passé en un claquement de doigts. C’est allé tellement vite, souligne Tabla. Je n’ai même pas eu le temps de comprendre ce qui se passait. Ça faisait six mois que j’avais signé mon premier contrat professionnel. J’essayais de gérer tout ce qui se passait et là, arrive cette nouvelle. C’était le chaos. Pour un gars de 17 ans, je ne connais pas beaucoup de monde qui aurait été capable de gérer ça. Je n'ai pas pu m’asseoir, prendre le temps de réfléchir, recevoir de bons conseils, être patient.
Ballou revient souvent sur l’importance de l’entourage et de l'encadrement. S’il a aujourd’hui de bons agents qui peuvent le conseiller, il reconnaît que ce n’était pas le cas à l’époque où il a quitté l'équipe pour Barcelone.
Quand je suis arrivé en Europe, j’étais livré à moi-même une fois de plus, affirme le Québécois. Je devais apprendre la langue. L’environnement où j’étais et je vivais tout seul. À 17 ans, je devais toujours me battre pour pouvoir m’en sortir. Le terrain, c’est ce qui fait que tu peux tisser des liens avec tes coéquipiers, ton entraîneur. J’ai dû me battre pendant un mois. Je n’avais pas assez de temps de jeu. J’ai dû gagner ma place.
Le FC Barcelone B était sur le point d'être relégué lorsque Ballou a alors pris la décision de tenter sa chance en deuxième division espagnole. Il espérait obtenir plus de temps de jeu, davantage de visibilité, mais c’est totalement le contraire qui s’est produit. Après un retour à Barcelone, il est rentré à Montréal. Ce n’était pas un échec pour lui. Il revenait à la maison pour reprendre des forces. Il se sentait en sécurité, en terrain connu.
Même s’il avait alors toutes les bonnes intentions du monde, il prétend que le mal était déjà fait. Avant même son départ vers l’Europe, sa relation avec le club montréalais s’était grandement détériorée.
