L’ex-ministre des Finances Carlos Leitao admet des regrets
Radio-Canada
Si c’était à refaire, l’ex-ministre des Finances Carlos Leitao, qui a mené une importante politique de compressions dans les finances publiques du Québec de 2014 à 2016, affirme aujourd’hui qu’il agirait autrement. Il regrette particulièrement le rythme de la consolidation budgétaire dans le secteur de l’éducation.
En éducation, on aurait dû être un peu plus modérés, admet M. Leitao, dans le cadre de notre série spéciale Dans la peau du ministre des Finances du balado Question d’intérêt, sur l’application Ohdio. Si c’était à refaire, en éducation, je pense qu’on serait allés plus lentement.
Selon lui, plusieurs entraves structurelles dans le secteur de l’éducation font en sorte que le ministère a de la difficulté à utiliser dans les temps prescrits les sommes qui lui sont allouées. Avec une croissance de seulement 0,2 % du budget prévu en éducation au cours de l’exercice 2015-2016, le second de Carlos Leitao, la situation est devenue intenable.
Les critiques venaient de beaucoup de milieux. Ce qui a été le plus difficile, c’est que ces compressions se manifestaient surtout par un ralentissement, même un arrêt de l’embauche. C’est comme ça qu’on a atteint nos cibles budgétaires : en ne remplaçant pas les personnes qui quittaient. [...] C’est ça, en éducation, je l’admets, qui a causé beaucoup de difficultés, explique M. Leitao.
Un grand nombre d’enseignantes et d’enseignants ont décidé de quitter le milieu de l’éducation en 2015, alors que le gouvernement prévoyait resserrer les règles sur les retraites anticipées.Il y a eu beaucoup plus de personnes qui ont quitté que ce qu’on pensait , admet-il.
Tu ne devrais pas être surpris, a dit l’épouse de Carlos Leitao à son mari, elle qui est enseignante et qui a été interpellée dans son milieu durant les années de compressions. Carlos Leitao dit avoir été « ébranlé » par les commentaires reçus par son épouse à l’époque. Sa fille, dans le secteur de la santé, a aussi entendu parler de son père.
Avec les collègues, pas de problème, mais avec les délégués syndicaux…, se rappelle Carlos Leitao, laissant entendre que certains ont voulu faire passer des messages à son endroit en passant par sa famille.
Aujourd’hui, Carlos Leitao dit qu’il fallait agir comme il l’a fait pour restaurer l’ordre dans les finances publiques. Il fallait le faire rapidement, selon lui.
« Ce n’était pas une question d’entêtement idéologique. Si on avait essayé de le faire beaucoup plus lentement, ça aurait été trop difficile. »